Un quartier dégradé de Lisbonne espère redorer son image grâce au fado
Par Lévi FERNANDES
La Mouraria, l'un des plus anciens quartiers de Lisbonne souvent associé aux problèmes de drogue et de prostitution, veut changer son image grâce au fado, ce chant traditionnel mélancolique né dans ses ruelles au 19e siècle.
Exclu des circuits touristiques, méconnu des Lisboètes et longtemps ignoré par les pouvoirs publics, la Mouraria, dont le nom renvoie aux Maures qui y ont habité il y a plus de neuf siècles, ne manque pourtant pas d'atouts.
Avec son dédale de venelles étroites, ses escaliers en pente, ses places pavées, ses fontaines en pierre, ses vieux immeubles décrépis, le linge qui sèche fenêtres, ce quartier populaire où cohabitent Portugais, Indiens, Pakistanais, Africains et Chinois, est l'un des plus authentiques de la capitale portugaise.
Décidés à redorer l'image de leur "bairro", des habitants, regroupés au sein de l'Association "Renovar a Mouraria" (Réhabiliter la Mouraria) créée en 2008, ont eu l'idée d'organiser des visites chantées gratuites pour faire découvrir leur quartier avec des artistes de fado.
"Le but de cette initiative est de rendre ce quartier plus vivant, de faire venir aussi bien les Portugais que les touristes", explique Inês Andrade, présidente de l'association.
Jusqu'à fin septembre, du vendredi au dimanche, des guides bénévoles donnent rendez-vous aux curieux en fin d'après-midi à l'entrée de la Mouraria, au pied de la petite chapelle blanche surmontée d'une croix noire en fer forgé, Nossa Senhora da Saude.
"Pendant de nombreux siècles ce quartier a été oublié à tort", lance le guide Nuno Franco, un habitant du quartier âgé de 54 ans entouré de musiciens et chanteurs.
Le berceau du fado
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"Le fado est né ici, à partir des chansons traditionnelles africaines. Il est rapidement devenu le chant des classes populaires et des marins de passage" au retour de leurs expéditions maritimes, poursuit le guide devant un monument en pierre en forme de guitare rappelant qu'on entre ici "dans le berceau du fado".
C'est dans l'une des ruelles du quartier qu'est née au 19e siècle Severa, la première grande chanteuse de fado, dans une petite maison en pierre.
Arrêt obligatoire devant la petite place qui porte son nom pour un "fado à desgarrada", un chant où s'affronte un couple de chanteurs dans une joute improvisée.
Après environ une heure, la visite se termine par un célèbre fado sur Lisbonne, rendu célèbre par la diva Amalia Rodrigues. La foule reprend le refrain en coeur, en frappant des mains: "cheira bem, cheira a Lisboa (Ca sent bon, ça sent Lisbonne)...", sous le regard des habitants accoudés aux fenêtres.
"C'est une façon très originale de découvrir un quartier", confie ravi Pasquale Rubino, un touriste italien.
"J'habite ici depuis plus de cinquante ans et j'ai appris plein de choses", se réjouit une Lisboète sexagénaire qui s'est glissée dans le groupe au cours de la visite.
Cette initiative, soutenue par la mairie de Lisbonne, fait également partie des engagements pris auprès de l'Unesco, qui a inscrit l'année dernière le fado au patrimoine culturel immatériel de l'Unesco.
"Notre objectif est que ceux qui habitent ici retrouvent leur fierté, attirer de nouvelles personnes et aussi aider l'économie du quartier", frappé durement par le chômage, indique le maire socialiste de Lisbonne, Antonio Costa.
"Nous pensons que le fado peut être un bon moyen d'y contribuer", ajoute le maire qui a installé l'année dernière ses bureaux à quelques rues de la Mouraria, au coeur de l'une de zones les plus mal famées de la capitale, afin dit-il "d'envoyer un signal de confiance".
lf/bir
Source: AFP -- 13/07/2012
A lire: http://www.lequotidien.lu/reportages/36801.html
https://www.facebook.com/Maghress.fr/posts/10150999562732104
Decrepit Lisbon district counts on fado music to revive
by Levi Fernandes
Today the Mouraria, a maze of narrow alleys, cobblestone squares and decrepit buildings strung with washing at the heart of Lisbon, is known more for drugs and prostitution than as a tourist stop.
But the neighbourhood, one of the capital's oldest, is also where Portugal's melancholy national song style, the fado, was born in the 19th century -- a bit of history that locals want to tap in a district long neglected by city hall where even Lisbonites rarely venture.
To do so, a grassroots group called Renovate the Mouraria has set up a programme of free "singing" tours, accompanied by fado artists, to show off this working-class area now home to a jumble of Portuguese, Indians, Pakistanis, Africans and Chinese.
"The goal of this initiative is to make the neighbourhood more alive, to make people visit -- both Portuguese and tourists," said Ines Andrade, president of the group, first started in 2008.
The two-centuries old genre has seen an explosion of new "fadistas", as the singers and musicians are called, and styles in the last decade.
Meaning fate or destiny, fado is said to embody the nostalgia that shaped the Portuguese experience, back to its famed 15th-17th century navigators who found new lands and trade routes that made the small European state a power with colonies on three continents.
It embodies the "saudade", roughly translatable as longing or melancholy, for those who scattered across the empire or died at sea.
The hour-long tours take place every Friday to Sunday until the end of September.
Volunteers meet visitors at a small white chapel with a black iron cross called Nossa Senhora da Saude then guide them through the colourful "bairro", or neighbourhood, named for the Moors who settled there more than nine centuries ago.
"For centuries this neighbourhood has been unjustly forgotten," said one guide, 54-year-old Nuno Franco. "Fado was born here, from traditional African songs. It quickly became the song of sailors and the working class.
He points out a guitar-shaped stone monument erected to remind all "we are in the cradle of the fado", then heads to a small house on one of the narrow alleys where Severa, the first great fado singer, was born in the 1820s.
In a nearby square that bears her name, the tourists are treated to a "fado a desgarrada", a sort of fado battle in which two singers face off.
The tour ends with a fado made famous by the late, legendary diva Amalia Rodrigues as the crowd joins in and residents lean out windows to watch: "Cheira bem, cheira a Lisboa" -- "Smells nice, smells like Lisbon".
"It's a very original way to discover a neighbourhood," said Italian tourist Pasquale Rubino.
A woman who slipped into the tour midday through, meanwhile, said: "I've lived here for more than 50 years and I learned so many things!"
Lisbon city hall has backed the program as part of efforts to promote fado after the UN cultural organisation UNESCO last year recognised the genre as an "intangible cultural heritage".
"Our goal is for those who live here to rediscover their pride, to attract new people and to help the neighbourhood's economy," said Lisbon's socialist Mayor Antonio Costa, who last year moved his own offices to another neglected district right near Mouraria.
"We think fado can contribute to that."
lf/bir
Source: 09/08/2012
A lire: http://www.google.com/hostednews/afp/article/ALeqM5jiw_GBlisg37AgVgj8mCGG6XAvNg?docId=CNG.0028c6debd61b436f94b92525b4e59f3.391&hl=en
http://www.allvoices.com/news/12754498-decrepit-lisbon-district-counts-on-fado-music-to-revive
Le Fado, source d'inspiration pour le cinéma depuis près d'un siècle
Par Lévi FERNANDES
Le Fado, qui chante la mélancolie portugaise, a inspiré le cinéma dès ses débuts. Une exposition retrace à Lisbonne la rencontre entre ces deux arts, symbolisée par la carrière de la diva Amalia Rodrigues.
Caméras, ventilateurs, projecteurs, perches de micros, bobines de films, vieilles affiches, lumière tamisée... plongent d'emblée le visiteur dans l'ambiance d'un tournage des années 1950.
C'est dans cette atmosphère rétro, sur fond de musique Fado et projection de vieux films, que sont exposés pochettes de disques vinyles et portraits jaunis d'artistes ayant marqué à la fois la scène musicale et les débuts du cinéma portugais au siècle dernier.
"Les liens entre le Fado et le septième art sont nés dès l'apparition du cinéma muet. A cette époque, la projection de certains films portugais était accompagnée par des musiciens de Fado", a expliqué à l'AFP Tiago Baptista, conservateur de la Cinémathèque portugaise à Lisbonne.
Dès les années 1930, le cinéma a puisé son inspiration dans les milieux du théâtre et la scène musicale lisboète, dominée par le Fado. Les cinéastes recrutaient souvent leurs acteurs dans le milieu du Fado, qui servait aussi de cadre aux scénarios de nombreux films.
"Des artistes connus aidaient alors à promouvoir les films auprès du public qui découvrait le cinéma", a indiqué Tiago Baptista.
Ce n'est pas un hasard si le premier film parlant portugais, sorti en 1931, est dédié à Maria Severa, plus connue sous le nom "A Severa", la première chanteuse de Fado à avoir accédé à la notoriété au 19e siècle.
Le cinéma international s'intéresse également très tôt à ce genre musical qui se confond avec l'histoire de Lisbonne. En 1956, le cinéaste Britannique Ray Milland réalise le film "L'homme de Lisbonne" sur un contrebandier international qui fait de la capitale portugaise son quartier général.
"C'est une production hollywoodienne qui nous donne les premières images en couleurs de Lisbonne, et qui révèle un chant exotique à l'époque, le Fado", souligne Sara Pereira, directrice du Musée du Fado qui organise cette exposition avec la Cinémathèque.
L'autre réalisateur à avoir marqué l'histoire du Fado est le Français Henri Verneuil, qui offre un rôle à la chanteuse Amalia Rodrigues dans les "Amants du Tage" sorti en 1955. L'artiste avait déjà tourné dans plusieurs films portugais.
La diva du Fado, disparue en 1999, tient son propre rôle dans ce film qui lui ouvre les portes des maisons de disques en France puis dans d'autres pays.
"Ce film sera un véritable tremplin pour la carrière internationale d'Amalia Rodrigues", souligne Tiago Baptista, qui a consacré un livre à la carrière cinématographique de la chanteuse.
Plus récemment, la chanteuse Mariza a prêté sa voix au cinéma. Celle, qui a réinventé l'image du Fado grâce à sa modernité, est l'une des protagonistes de "Fados", un film du réalisateur espagnol Carlos Saura sur les origines de ce chant.
Signées des plus grands noms de la haute couture portugaise, les robes qu'elle porte dans ce film sont également présentées dans cette exposition qui rend hommage au Fado, inscrit l'année dernière au patrimoine culturel immatériel de l'Unesco.
L'exposition intitulée "Le Fado au cinéma" se tient au Patio da Galé, près de la Place du Commerce dans le centre de Lisbonne, jusqu'à fin août.
lf/bir/tsc/
Source: AFP -- 25/06/2012
A lire :
http://www.google.com/hostednews/afp/article/ALeqM5j6mdEvcSG_16NuVDZ7demEXqRqLg?docId=CNG.3a57dc69877dcfda668d5824e10af313.581 http://www.leparisien.fr/flash-actualite-culture/le-fado-source-d-inspiration-pour-le-cinema-depuis-pres-d-un-siecle-28-06-2012-2069462.php
http://actu.orange.fr/people/les-enfants-des-brangelina-interdits-de-googler-leurs-parents-le-nouvel-observateur_457606.html
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