Le
Portugal espère inscrire le fado au patrimoine immatériel de
l'Unesco
Le Portugal veut inscrire le fado, un chant traditionnel né
il y a près de deux siècles à Lisbonne et devenu depuis le symbole
de tout un peuple, au patrimoine mondial de l'Unesco pour obtenir une
reconnaissance mondiale de cet art unique.
La nuit tombée, le
vieux quartier de l'Alfama à Lisbonne, avec ses rues escarpées, ses
petits passages, ses escaliers étroits et le linge pendu aux
fenêtres, s'anime pour vivre au rythme du fado.
Sur les petites
places pavées ou dans une ambiance plus intimiste des maisons de
fado, amateurs et touristes affluent nombreux pour écouter les
artistes, accompagnés à la guitare, chanter la "saudade",
ce mal de vivre empreint de tristesse et de nostalgie.
Ce chant
traditionnel, porté aux quatre coins du monde par la diva du fado
Amalia Rodrigues disparue il y a tout juste onze ans, le Portugal
espère l'inscrire dans la liste "patrimoine culturel
immatériel" de l'Unesco, qui complète celle du patrimoine
mondial regroupant aujourd'hui plusieurs centaines de sites naturels
et culturels dans le monde entier.
Cette liste de l'Unesco
regroupe actuellement 166 traditions, pratiques, connaissances, arts
du spectacle ou savoir-faire, parmi lesquels le tango, le découpage
du papier chinois, des dentelles de Croatie, le carnaval d'Oruro en
Bolivie, les dessins sur le sable du Vanuatu, le théâtre Nogaku au
Japon ou le patrimoine oral du Guélédé (Bénin, Nigeria et
Togo).
Avec cette démarche, le Portugal, qui a déposé la
candidature en juillet, espère "obtenir une reconnaissance
mondiale de l'importance du fado", souligne l'ambassadeur
portugais auprès de l'Unesco Manuel Carrilho.
"L'Unesco doit
se prononcer en novembre 2011", précise Sara Pereira,
directrice du musée du fado et membre du comité chargé de défendre
le dossier de candidature.
Né à Lisbonne au XIXe siècle,
l'histoire du fado se confond avec celle du peuple portugais.
"Après
la période des découvertes, beaucoup étaient restés au Brésil ou
en Afrique. D'autres avaient péri en mer. Et au Portugal régnait
une atmosphère de tristesse. Le fado est né de cette mélancolie,
chantée par des artistes qui vivaient dans les quartiers bordant le
fleuve Tage", explique Mario Pacheco qui tient une des plus
prestigieuses maisons de fado dans l'Alfama.
"Dans notre
fado, il y a beaucoup de blessure. Il y a la saudade, ce mot si
difficile à traduire, et qui exprime le manque de quelque chose, le
manque de notre pays, le manque de nos femmes, le manque de nos
racines", ajoute ce musicien qui accompagne tous les soirs à la
guitare les fadistes qui se produisent dans son club.
Depuis cette
époque, "le fado est parvenu à s'imposer comme l'image de
marque de notre culture. Dans les années 80 en intégrant le circuit
de la +world music+, il est devenu un icône de la culture
portugaise", relève Sara Pereira.
Pour Cristina Branco, qui
appartient à cette nouvelle génération de chanteurs qui ont su
renouveler le fado en y introduisant de nouvelles sonorités, cette
candidature "permettra au fado d'être reconnu par un plus grand
nombre de personnes et de le faire évoluer davantage".
"Le
fado est une musique qui parle d'une société et par conséquent il
évolue avec elle", observe-t-elle.
Portant si cette
candidature est vue comme une chose positive pour la grande majorité
des artistes, certains craignent que cette musique en devenant
patrimoine mondial échappe au pays qui l'a vu naître.
"Je
n'aimerais pas que le fado devienne une musique de masse. J'arais
aimé qu'il garde ce côté mystérieux", confie Mario Pacheco
dont le fado est une histoire de famille avant de se conclure
résigné. "Mais dans la mesure où c'est utopique, nous allons
essayer de le consacrer mondialement en tant que grande musique
ethnique et urbaine".
lf
Source: AFP -- 14/10/2010
Cristina
Branco, le nouveau souffle du fado
Davantage connue à l'étranger que dans son propre
pays, la chanteuse portugaise Cristina Branco appartient à la nouvelle génération
de fadistes comme Misia ou Ana Moura qui ont renouvelé le genre depuis le milieu des années
90.
Née en 1972 à Almeirim, près de Santarem, au centre du
Portugal, sa carrière débute un peu par hasard. Fan de Billie Holiday et Janis Joplin,
elle se découvre une passion pour le fado à 18 ans lorsque son
grand père lui offre un disque de la grande chanteuse Amalia
Rodrigues.
Lors d'une soirée, ses amis la poussent à chanter
quelques chansons de fado. Grande timide, elle se laisse tenter et
c'est la révélation. En 1996, elle se produit lors d'un
récital à Amsterdam, aux Pays-Bas. Le succès est immédiat.
De cette expérience, naît
un album, "Cristina Branco Live in Holland". Après
les Pays-Bas, elle entre dans le
circuit international.
Face à ce succès, le Portugal s'intéresse à
l'artiste.
Lisbonne célèbre l'inscription du Fado au patrimoine de l'humanité
Par Lévi FERNANDES
"Vive le Fado!": l'inscription du Fado au patrimoine culturel immatériel de l'Unesco a été accueilli par des cris de joie à Lisbonne dans le quartier de l'Alfama, berceau de ce chant devenu le symbole de tout un peuple.
"Vive le Fado! C'est un jour important pour nous", s'exclame Maria Argentina, une chanteuse habitant Alfama, le quartier qui vit au rythme de ce "blues portugais" empreint de tristesse et de nostalgie.
Pour l'occasion, elle a réuni quelques amis fadistes autour d'une longue table dressée sur une petite place pavée du quartier, baignée par les rayons de soleil de ce bel après-midi d'automne.
"Vous voulez que je chante?", lance-t-elle les yeux pétillants de joie. Elle n'hésite pas à pousser quelques notes de fado que ses convives rythment aussitôt en frappant dans leurs mains sous le regard amusé des habitants du quartier.
Un peu plus loin, c'est au musée du Fado, resté exceptionnellement ouvert dans la nuit de samedi à dimanche dans l'attente de la décision de l'Unesco, que les amateurs de fado se sont donné rendez-vous.
"Je suis venu dès que j'ai appris la décision", raconte Gracinda, une sexagénaire, qui assiste à un concert improvisé par quelques musiciens dans le hall d'entrée du musée.
"Je ne peux pas l'expliquer. Dès que j'entends des accords de guitare, mon corps tout entier vibre", confie-t-elle.
"Cette décision nous redonne espoir. Tout n'est pas mauvais dans notre pays", renchérit Dalia affichant un large sourire.
Dès samedi, les Portugais ont été tenus en haleine par les médias qui ont régulièrement rendu compte de la réunion du comité de l'Unesco à Bali, en Indonésie. Dès que la décision a été connue, les réactions officielles n'ont pas tardé.
"Cette reconnaissance est une source de fierté pour tous les Portugais", a écrit le président de la République Anibal Cavaco Silva dans un message publié sur le site de la présidence où il a rendu hommage aux "chanteurs de fado, aux poètes, aux musiciens, aux compositeurs ayant contribué à faire de Fado une mélodie universelle".
"Grâce à cette décision, davantage de monde connaîtra le Fado et sa richesse", s'est félicité pour sa part le chanteur Camané, surnommé le "prince du Fado".
Cette reconnaissance devrait permettre de poursuivre la sauvegarde de ce patrimoine artistique par le biais d'un réseau d'archives et la protection de tous les lieux et objets liés à la mémoire de cet art, a expliqué à l'AFP Sara Pereira, directrice du musée du Fado.
Le Fado est apparu au XIXe siècle dans les quartiers bordant le fleuve Tage à Lisbonne, point de départ des marins portugais vers l'immense empire colonial qui s'étendait de l'Amérique du Sud à l'Afrique et à l'Asie.
Cette complainte qui exprime l'absence, les ruptures ou encore la nostalgie, est né de la mélancolie qui régnait dans les ports de la capitale à cette époque.
Au XXe siècle, ce chant s'est imposé comme le symbole de la culture portugaise. Rendu populaire par la diva Amalia Rodrigues, disparue en 1999 et qui l'avait chanté aux quatre coins du monde, le fado connaît aujourd'hui une très grande vitalité, porté par une génération d'artistes qui a su renouveler ce style musical.
De Mariza à Cristina Branco, en passant par Carminho ou Ana Moura, le chant de la "saudade", ce mal de vivre portugais, continue aujourd'hui encore d'être écouté dans le monde entier.
lf/bir
Lisboa celebra la inscripción del fado en el patrimonio de la humanidad
Por Lévi Fernandes
La inscripción del fado en el patrimonio cultural inmaterial de la UNESCO fue recibida este domingo por gritos de alegría en el barrio Alfama de Lisboa, cuna de este canto que se ha convertido en el símbolo de todo un pueblo.
"¡Viva el fado! Es un día importante para nosotros", exclamó Maria Argentina, una cantante radicada en este lugar que vive al ritmo de ese "blues portugués", que expresan sentimientos de tristeza y nostalgia.
A poca distancia se encuentra el Museo del Fado, que excepcionalmente permaneció abierto la noche del sábado en espera de la decisión de la Organización de Naciones Unidas para la Educación y la Cultura (UNESCO). Allí se dieron cita los aficionados al fado.
"Vine en cuanto me enteré de la decisión", dijo Gracinda, una sexagenaria, que asistió a un concierto improvisado por algunos músicos en el vestíbulo del museo.
Desde el sábado, los portugueses estaban pendientes de los medios de comunicación, que regularmente daban informacioens sobre la reunión del comité de la UNESCO en Bali, Indonesia. En cuanto se conoció la decisión comenzaron a llegar las reacciones oficiales.
"Este reconocimiento es una fuente de orgullo para todos los portugueses", escribió el presidente de la República, Anibal Cavaco Silva, en un mensaje publicado en el sitio web de la presidencia, en el cual rindió homenaje a los "cantantes de fado, a los poetas, los músicos, los compositores que contribuyeron a hacer del fado una melodía universal".
"Gracias a esta decisión, muchas más personas conocerán el fado y su riqueza", se congratulópor su parte el cantante Camane, apodado "el príncipe del fado".
Este reconocimiento permitirá continuar la salvaguarda de ese patrimonio artístico a través de una red de archivos y la protección de todos los lugares y objetos vinculados a la perpetuación de ese arte, explicó a la AFP Sara Pereira, la directora del Museo del Fado.
El fado surgió en el siglo XIX en los barrios de Lisboa bordeados por el Tajo, el punto de partida de los marinos portugueses hacia el inmenso imperio colonial que se extendía desde América del Sur a África y Asia.
Este lamento musical que habla de la ausencia, de las rupturas o de la nostalgia, nació de la melancolía que reinaba en los puertos de la capital en esa época.
En el siglo XX, este canto se impuso como el símbolo de la cultura portuguesa. Fue difundido por la diva Amalia Rodrigues, fallecida en 1999, quien la cantó en todo el mundo. Actualmente el fado goza de una gran vitalidad, gracias a una generación de artistas que renovó este estilo musical.
Desde Mariza a Cristina Branco, pasando por Carminho y Ana Moura, el canto de la "saudade" sigue siendo escuchado en el mundo entero.
lf/bir/bds/it/ltl
A lire: http://economia.terra.com.co/noticias/noticia.aspx?idNoticia=201111271809_AFP_TX-PAR-SKZ49
http://www.holaciudad.com/lisboa-celebra-la-inscripcion-del-fado-el-patrimonio-la-humanidad-n192901
Fado: Lisbonne se bat pour sauvegarder et promouvoir son patrimoine musical
Par Lévi FERNANDES
Le Portugal, qui redécouvre le fado grâce à l'émergence d'une nouvelle génération de jeunes artistes, se bat pour sauvegarder et promouvoir ce patrimoine musical unique de sa culture populaire urbaine.
"Il y a quelques années les gens se déplaçaient pour écouter le fado mais pas pour en parler. C'était impensable", soulignait récemment le fadiste Carlos do Carmo, lors d'un colloque sur le fado, devant une salle comble.
"Le fado n'est plus tabou et fait désormais partie de notre univers", a observé l'un des visages les plus connus du fado, Carlos do Carmo, surnommé "le Jacques Brel portugais", qui chante depuis plus de quarante ans.
Conspué par certains dans la période qui a suivi la Révolution des Oeillets en 1974, qui mit fin à la dictature salazariste, le fado a regagné depuis ses lettres de noblesse. Les Portugais ont pris conscience de la valeur de ce chant traditionnel qu'ils revendiquent comme une part intégrante de leur culture.
La municipalité de Lisbonne a décidé il y a quelques semaines de proposer à l'Unesco d'inscrire le fado au patrimoine oral et immatériel de l'humanité.
"Cette proposition souligne la valeur exceptionnelle du fado en tant qu'expression artistique et symbole de la ville", fait valoir Pedro Santana Lopes, maire de Lisbonne. Le dossier de candidature sera remis à l'Unesco en septembre prochain.
Cette distinction vise à sensibiliser l'opinion publique afin que la valeur d'un patrimoine oral soit reconnue et sa sauvegarde encouragée.
"Cette proposition de candidature n'a de sens que si elle est suivie ensuite d'un programme sérieux de recherche, de la constitution systématique d'archives et du rachat des enregistrements de fado, qui se trouvent actuellement à Londres", estime pour sa part le musicologue Rui Vieira.
Après une vaste mobilisation, les amateurs de ce chant populaire avaient obtenu gain de cause en 1998 avec l'ouverture à Lisbonne de la Maison du fado et de la guitarre portugaise. Au coeur du quartier historique d'Alfama, l'un des berceaux de ce chant, ce centre entièrement dédié à cette expression musicale, renferme un musée didactique et un centre d'études de cet art populaire.
"A la Maison du fado, nous recueillons tout ce qui a trait à la tradition orale, mais comme nous avons commencé tard, ce travail est actuellement en cours", précise Carlos do Carmo.
L'étude de l'histoire du fado a été relancée par la découverte en Grande-Bretagne l'année dernière des premiers enregistrements de cette musique, qui remontent à 1904. Né au XIXème siècle dans les quartiers populaires de la capitale portugaise, le fado a été rendu célèbre dans le monde par la diva Amalia Rodrigues, disparue en 1999.
L'intérêt pour le fado dépasse les frontières à en juger par le succès international de nouvelles voix, qui incarnent le renouveau de ce genre musical, tels que Mariza, Cristina Branco, Dulce Pontes, Misia ou encore Mafalda Arnaut.
Le cinéma n'échappe pas à ce regain d'intérêt. Le réalisateur espagnol Carlos Saura, auteur notamment de "Tango" en 1998, prépare actuellement un long-métrage sur le thème du fado, indique Carlos do Carmo, qui sera le narrateur de cette histoire.
"Le fado, qui s'inscrit dans la world music, est à la mode", car il a su se renouveler, constate le fadiste. Et d'ajouter : "On assiste actuellement à l'émergence de nouveaux artistes décomplexés et originaires d'un univers musical très ouvert".
Date: 2005
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire