Pédophilie: l'ancien chauffeur de la Casa Pia devant les juges
Par Lévi FERNANDES
Le procès de Carlos Silvino dit "Bibi", l'ancien chauffeur du foyer pour enfants en difficulté (Casa Pia), formellement accusé de 35 délits de violences sexuelles sur quatre mineurs, devrait débuter mardi après avoir été reporté une première fois.
Agé de 46 ans, "Bibi", qui a été placé en détention préventive le 25 novembre 2002, comparaît pour viols et agressions sexuels sur mineurs sur une période de trois ans qui précédé sa détention.
Il devra affronter les accusations de quatre victimes, qui en raison de leur âge et de leur état jugé psychologiquement fragile, seront auditionnées via un système de vidéoconférence.
Selon l'acte d'accusation, cité par l'agence de presse Lusa, Bibi, lui-même un ancien pupille de cette institution, aurait profité de "sa relation de proximité avec les élèves de la Casa Pia, et de la relation de confiance qu'il jouissait auprès de leurs familles" pour commettre des abus sexuels sur des mineurs "spécialement vulnérables".
Toujours d'après ce document, sur les 35 actes pédophiles qui lui sont imputés, 17 sont survenus de façon répétée à partir de l'été 1999 et sur une période de trois ans, notamment sur un mineur âgé de 11 ans sourd-muet.
Il est également accusé de viol et agressions sexuelles sur un handicapé mental d'une quinzaine d'années.
Quant à la troisième victime, c'est une conversation téléphonique qui aurait permis d'établir l'accusation. Au cours de cet appel, Bibi a tenu des propos "à caractère explicitement pornographique" avec un mineur de 13 ans et "dans le but d'assouvir ses instincts libidineux", précise l'acte d'accusation.
Mais c'est avec un jeune interne de cet emblématique institution portugaise, dont le pseudonyme est "Joel", âgé aujourd'hui de 16 ans, que le scandale a éclaté au grand jour à la fin de l'année dernière, lorsque l'hebdomadaire Expresso publie son témoignage.
Placé à l'âge de neuf ans dans ce centre, l'adolescent dit avoir été victime d'attouchements sexuels et violé à plusieurs reprises par Bibi contre de l'argent et des cadeaux. Il aurait en outre été menacé de représailles s'il en "parlait" à "quelqu'un".
En plus de cette affaire, Bibi est également impliqué dans l'autre grand scandale pédophile lié également à la Casa Pia actuellement en cours d'instruction, où douze personnes sont mises en examen. Six d'entre elles, ont été placées en détention préventive, dont un présentateur de télévision célèbre, un ancien ambassadeur et le numéro deux du Parti Socialiste (opposition) Paulo Pedroso.
L'enquête sur l'existence présumée d'un réseau pédophile autour de ce centre éducatif public, pour lequel Bibi est également soupçonné d'avoir livré des enfants à des riches clients pédophiles pendant plus de 20 ans, devrait déboucher sur une accusation formelle avant le 31 décembre 2004.
Face à cette double accusation, les avocats de Bibi ont introduit un nouveau recours la semaine dernière auprès de la justice en vue d'un éventuel regroupement des deux procès.
Ils avaient déjà demandé une première suspension du procès le 23 septembre dernier, mais le collectif de juges chargé de l'affaire a décidé cette fois de débouter la défense de sa demande.
Source: AFP -- 06/10/2003
Scandale pédophile: le président réclame le respect du secret de l'instruction
Par Levi FERNANDES
Le président portugais Jorge Sampaio s'est insurgé contre les violations répétées du secret de l'instruction dans l'affaire du scandale pédophile de la Casa Pia, après que son nom eut été évoqué par un quotidien la semaine dernière.
Le Premier ministre de centre droit José Manuel Durao Barroso l'a assuré mardi de son soutien, en déclarant partager la préoccupation du président socialiste.
"Je lance un appel véhément au sens de la citoyenneté des professionnels de la communication et des agents de la justice, afin qu'ils agissent avec plus de retenue et une plus grande réserve", a déclaré M. Sampaio lors d'une allocution télévisée impromptue retransmise lundi soir à une heure de grande écoute.
Le chef de l'Etat portugais réagissait aux informations publiées par le quotidien Jornal de Noticias le 1er janvier dernier, faisant état d'une lettre anonyme évoquant son nom ainsi que celui du commissaire européen Antonio Vitorino, jointe au dossier de l'instruction. Le contenu exact des lettres n'a pas été révélé.
Le procureur général de la république avait aussitôt répondu par communiqué que les noms de Jorge Sampaio et d'Antonio Vitorino n'avaient été prononcés par aucun de ceux qui ont été entendus au cours de l'enquête et que les deux responsables socialistes n'avaient "absolument rien à voir" avec l'affaire.
De son côté le Premier ministre a souligné la "relation de solidarité institutionnelle parfaite entre le gouvernement et la présidence", en appelant également à la "sérénité".
"Je m'identifie totalement à l'intervention du président de la république à laquelle je souscris", a pour sa part déclaré à Bruxelles M. Vitorino cité par l'agence Lusa.
L'affaire Casa Pia a éclaté à la fin de l'année dernière lorsqu'un hebdomadaire avait révélé qu'un chauffeur de cette institution accueillant des enfants en difficulté aurait livré des enfants à de riches clients pédophiles pendant plus de 20 ans.
Mais le secret de l'instruction a largement été battu en brèche par les médias et la justice tout au long de l'affaire.
Or pour M. Sampaio, "la violation systématique du secret de l'instruction" constitue "un risque si grave pour la recherche des responsabilités exactes qu'il faut y mettre un terme".
"Ces délits devront être punis en temps et lieu opportun car il n'est pas légitime que le Chef de l'Etat laisse passer des offenses qui ont les plus graves conséquences pour le respect et la considération dus au président de la République", a-t-il déclaré.
Les révélations au compte-gouttes dans la presse visent souvent des responsables du Parti socialiste (PS), aujourd'hui dans l'opposition. L'ancien ministre des Affaires étrangères Jaime Gama a ainsi menacé récemment de porter plainte, après que son nom eût été mentionné par une télévision privée.
Le Parti Socialiste avait également dénoncé en mai dernier des écoutes téléphoniques "abusives et anticonstitutionnelles" visant ses dirigeants ordonnées par la justice, laissant entendre qu'il était victime d'une machination.
Fin décembre, dix personnes ont été formellement accusées dans l'affaire Casa Pia, dont le numéro deux du PS, le député Paulo Pedroso, un ancien ambassadeur et deux animateurs vedette de télévision.
Devant le malaise provoqué par l'avalanche de fuites, le gouvernement portugais s'est récemment engagé à proposer d'ici le printemps une réforme de la justice, portant notamment sur les écoutes téléphoniques et le secret de l'instruction.
Source: AFP -- 06/01/2004
Le chauffeur de la Casa Pia reconnaît avoir livré des enfants à des clients pédophiles
Par Lévi FERNANDES
L'ancien chauffeur du foyer Casa Pia, Carlos Silvino, accusé de violences sexuelles sur des mineurs, mais également témoin clé dans ce procès, a reconnu mardi avoir livré pendant plusieurs années des enfants à des clients pédophiles.
"J'ai emmené des garçons" dans un appartement à Elvas dans l'Alentejo (sud). "Ils entraient par une porte à l'arrière (...) Je les déposais et je repartais", a déclaré Carlos Silvino.
"Je les emmenais car les garçons me le demandaient. Je ne les ai jamais forcés", a précisé devant le tribunal Carlos Silvino (48 ans), principal accusé du procès Casa Pia.
C'est à cette occasion que Silvino, dit "Bibi", raconte avoir croisé plusieurs des prévenus impliqués dans ce procès, parmi lesquels le présentateur vedette de télévision Carlos Cruz et l'ancien diplomate Jorge Ritto, accusés de s'être livrés à des agressions sexuelles sur des enfants ou des adolescents ou encore d'incitation à la prostitution.
M. Cruz, ainsi que les autres prévenus avaient été invités à quitter la salle en début d'audience, le temps de la déposition de M. Silvino, à la demande de son avocat, José Maria Martins.
"Une autre fois où je les ai emmenés (...) j'ai croisé Carlos Cruz. Il m'a salué et m'a remis de l'argent que j'ai distribué aux enfants", indique "Bibi".
Bibi raconte ensuite comment il a été présenté à Carlos Cruz par l'intermédiaire de l'un de ses associés producteurs au début des années quatre-vingt.
"Quelqu'un me demandait si je pouvais déposer les enfants pour les +tournages+ , c'était le nom de code de ces partouzes", confie-t-il.
Quant à M. Ritto "les enfants l'appelaient l'oncle Ritto (...) Je l'ai croisé entre autres à l'une de ces fêtes" à Elvas.
"Bibi" évoque aussi la présence dans cet appartement du député socialiste Paulo Pedroso, contre lequel la justice a pourtant décidé d'abandonner les poursuites.
"Ces affirmations ont été contre-carrées dans la phase d'instruction", a rappelé ensuite Celso Cruzeiro, avocat de M. Pedroso, à la chaîne de télévision privée Sic Noticias.
Placé en détention préventive depuis novembre 2002, "Bibi" est le premier des sept inculpés à comparaître à la barre. Cet ancien chauffeur et jardinier de l'institution publique cumule plus de 600 accusations.
La juge Ana Peres cite ensuite une longue liste de prénoms d'enfants des collèges de la Casa Pia et lui demande s'il connaît ces garçons.
"Je ne connais pas", "je ne me souviens plus" ou "il faudrait que je puisse voir leurs têtes", répond Bibi à l'évocation de certains noms. Puis il s'arrête sur un prénom: "celui-là je le connais".
"Il avait 14-15 ans...", poursuit-il. "J'ai eu des problèmes avec lui. Nous avons eu des rapports sexuels".
Le juge lui demande alors de préciser devant le tribunal la nature de ces actes. "Nous avons tout fait", répète-t-il. Sa voix devient presque inaudible.
Les journalistes, séparés par deux parois vitrées de l'accusé, gesticulent afin de protester contre la mauvaise qualité du son. Autorisés à assister à cette première phase du procès, ils sont installés à l'extrémité de la longue salle d'audience du tribunal de Monsanto, sur les hauteurs de Lisbonne, et suivent les débats à travers un système vidéo d'assez mauvaise qualité.
Six hommes et une femme comparaissent depuis le 25 novembre devant la justice dans l'affaire Casa Pia, du nom d'une institution publique respectée qui accueille des enfants et des adolescents de milieux défavorisés ou en difficulté. Le procès doit se poursuivre le 10 janvier prochain.
Source: AFP -- 21/01/2004
Major paedophile trial begins in Portugal
by Levi Fernandes
Seven people, including a popular TV star and a former diplomat, went on trial Thursday november 2004 in Portugal in a high-profile child abuse case involving minors from a network of state-run children's homes.
Dozens of people yelled insults at the six men and one woman as they left the downtown Lisbon courthouse under tight security at the end of the first day of proceedings in what is billed as the nation's biggest-ever paedophile trial.
The case has dominated headlines since September 2002, when whistleblowers triggered an investigation into allegations of decades of sexual abuse at the Lisbon-based Casa Pia, the nation's best-known network of homes and schools for troubled or orphaned children.
Among those standing trial are Jorge Ritto, a former Portuguese ambassador to South Africa; Carlos Cruz, a television presenter whose career spans more than three decades, and a former director of Casa Pia, Manuel Abrantes.
The accused face charges ranging from child sexual abuse to procurement and rape involving 32 victims, with a former driver at the children's homes, Carlos Silvino, alone facing 600 different charges.
Silvino, who is accused of supplying minors from Casa Pia who were under his care for wealthy child molestors, wore a bullet-proof vest to the hearing.
The 62-year-old woman is charged with allegedly allowing her house to be used for the encounters between the children and the accused.
An eighth person was also standing trial, but on weapons charges.
"I have never lied and I don't intend to start to now," said Cruz, 63, as he arrived at the court to the glare of television cameras, photographers and journalists. Once the country's highest paid television personality, he faces five charges of abusing minors and homosexual acts with an adolescent.
Social workers at Casa Pia, a 224-year-old institution which looks after some 4,000 children at 10 facilities, have said that more than 100 children currently show signs of having been sexually molested, including many who are deaf-mutes.
Most of the sexual abuse allegedly committed by the men involved boys between the ages of 12 and 16.
"I hope the truth is revealed and justice is done," one of the alleged victims and a key witness in the case, identified only as Joel, told SIC television in an interview where his face was never shown.
The first session was dominated by procedural questions, with lawyers for one of the accused demanding a suspension and the removal of one of the prosecution lawyers.
The panel of three judges hearing the case decided to move the trial to a larger courthouse for the next hearing scheduled on December 2.
The case has shattered public trust in the authorities, especially after reports surfaced that children had complained about the sexual abuse since the mid-1970s, including to a former Portuguese president, and yet no action was taken.
The many delays in the start of the trial and the fact that an appeals court earlier this year dropped charges against three other accused, including a former government minister and a television comedian, have led many in Portugal to conclude that a cover-up is under way.
According to a poll published Thursday in daily newspaper Diario de Noticias, 64.3 percent of those questioned do not believe that justice will be done in the case, while only 22.5 percent express confidence in the justice system.
The scandal, which President Jorge Sampaio has called a national disgrace, has also put the spotlight on the fragility of Portugal's legal system, especially the widespread -- and some argue abusive -- use of the preventive detention of suspects and police wiretaps.
Lawyers have said they expect the trial to last at least until mid-2005. More than 700 witnesses are expected to be heard, including several under 16.
Source: AFP - 25/11/2004
Key accused in Portugal paedophile case says he procured minors
by Levi Fernandes
The chief accused in a high-profile trial of seven people charged in Portugal with the sexual abuse of minors from a state-run institution told a trial Tuesday how he for years delivered minors under his care to child molestors in exchange for money.
Carlos Silvino, 48, a former driver at Casa Pia, a network of 10 homes and schools which looks after some 4,000 children, said the boys were delivered to several of the other accused in the case to various locations in and around Lisbon.
"I brought them because the boys asked me to. I did not force them," he said.
Among the other accused is popular television personality Carlos Cruz, known as Mr.Television for a career which spans over three decades, and retired ambassador to South Africa, Jorge Ritto.
Silvino, nicknamed "Bibi", is the first of the seven accused to take the stand in the trial which has gripped Portugal.
He is charged with 634 offences, including 598 counts of sexual abuse of minors in addition to charges that he procured children to wealthy child molesters for more than 20 years.
Silvino told the court that both Cruz and Ritto had on several occasions given him wads of cash after he delivered the boys to the residences, which he sometimes distributed to the minors.
In some cases the minors were filmed having sex with each other and the adults, Silvino told the court.
At the request of Silvino's lawyer, the six other accused left the courtroom before the former driver gave his testimony.
Silvino also said that on one occasion he saw a Socialist member of parliament, Paulo Pedroso, at one of the homes where he dropped off boys.
Pedroso, a former spokesman for the party, was charged in December along with the other accused in the case with sex crimes against minors but in May an appeals court dropped all charges against him for lack of evidence.
He voluntarily resigned from parliament and spent four months in jail while the investigation was carried but has since regained his seat.
The scandal began in September 2002 after the mother of a boy who attended classes at a Casa Pia school told police her son had been raped by Silvino while under his care.
The subsequent investigation uncovered allegations of decades of sexual abuse at the Lisbon-based Casa Pia, a more than two century old network of institutions for troubled or orphaned children.
Counsellors say they have uncovered more than 100 cases of sexual abuse at Casa Pia.
Most of the abuse allegedly committed by the defendants was on boys between the ages of 12 and 16.
The case has shattered public trust in the authorities, especially after reports surfaced that children had complained about being abused since the mid-1970s, including to a former Portuguese president, and yet no action was taken.
Silvino told the court last week during his first appearance on the witness stand that he was raped every day since he was four until he was 13 at a Casa Pia home by four teachers and a priest who has since died.
He also apologized for raping children himself while at the institution.
"I am in bad shape because of what I did to the children," he said.
Silvino was first questioned by police in 1975 when he was 19 after he was caught raping a 10-year-old boy at the institution.
Two years later he began working at Casa Pia, where he remained as a staff member until 2002 when suspicions that he was molesting children resurfaced.
Source: AFP -- 21/12/2004
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