Chaves et Verin, deux villes ibériques rêvent de gommer leur frontière
Par Levi FERNANDES
CHAVES (Portugal) - Echange de footballeurs contre basketteurs, programation culturelle commune et bientôt carte d'"eurocitoyen": deux villes du nord de la péninsule ibérique, la portugaise Chaves et l'espagnole Verin, ont mis en place un ambitieux programme de rapprochement qui gomme peu à peu la frontière qui les sépare.
"Etant meilleurs au football, nous avons cédé certains de nos joueurs à Verin pour aider l'équipe espagnole à obtenir un meilleur classement. A présent, nous voulons étendre ces échanges au basket, où les Espagnols sont bien meilleurs", explique Ana Ladeiras, coordinatrice côté portugais du projet de rapprochement entre Chaves et Verin.
Depuis près de deux ans, ces deux villes sont devenues en Europe une sorte de "laboratoire" pour la création d'un espace d'intégration, grâce à des synergies construites sur leur complémentarité dans des secteurs très divers.
La première eurométropole du sud de l'Europe dispose d'un budget de 1,3 million d'euros jusqu'en 2010, dont l'UE finance les trois quarts.
Le reste provient des deux municipalités et de l'Axe Atlantique, association transfrontalière entre la Galice et le nord du Portugal créée pour stimuler leur développement économique, social et culturel.
"Ce qui fait de nous des pionniers, c'est le nombre de partenariats que nous avons mis en place", fait valoir Mme Ladeiras.
La culture est la première grande étape de ce projet, avec le lancement d'un guide culturel bilingue en galicien et en portugais, distribué gratuitement depuis bientôt un an.
La proximité linguistique est certainement l'un des atouts de cette eurométropole par rapport à d'autres villes européennes impliquées dans des projets semblables comme les villes allemandes et polonaise de Francfort-sur-l'Oder et Slubice.
"Contrairement à d'autres villes en Europe, nous n'avons pas besoin d'interprète", souligne Joao Batista, maire de Chaves.
Pour rapprocher encore un peu plus les deux villes reliées en leurs centres par le fleuve Tâmega, les deux municipalités travaillent à un réseau de transport en commun.
D'ici là, un nouveau tronçon d'autoroute devrait encore rapprocher les deux communes dès la fin de l'année, permettant de raccourcir le trajet, en le ramenant à environ un quart d'heure en voiture.
Pour approfondir le sentiment d'appartenance à un même espace, les deux municipalités travaillent également à la création d'une carte d'eurocitoyen, qui permettra aux quelque 60.000 habitants d'avoir accès aux infrastructures sanitaires, sportives et culturelles des deux villes.
"Mais c'est un concept encore en construction, reconnaît le maire de Chaves. L'ambition de l'eurométropole est d'aller beaucoup plus loin en éliminant par exemple les tarifs de +roaming+ dans la téléphonie mobile, entre les deux villes."
"Pour cela il faut que les opérateurs acceptent de jouer le jeu", souligne-t-il tout en admettant la persistance d'obstacles légaux.
Le tourisme est l'autre grand chantier commun. Avec le slogan: "une destination, deux cultures", cette "eurométropole de l'eau" souhaite développer le tourisme de santé grâce aux différentes sources thermales de la région.
"Mais nos touristes savent que pour manger de la morue il faut venir à Chaves, et que pour les tapas, c'est à Verin", plaisante une responsable de l'Office de tourisme.
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