Les agriculteurs portugais se tournent de plus en plus vers le tourisme
Par Lévi FERNANDES
MONTALEGRE (Portugal) - Ils ne sont plus qu'une centaine dans ce petit village de Paredes do Rio, vidé comme tant d'autres au Portugal par un exode rural massif dans les années 60-70. Un groupe d'griculteurs, las d'assister au déclin de leur région, a réagi en pariant sur le tourisme.
Ils se sont ainsi rassemblés pour créer "la route des artisans", un parcours thématique destiné à faire découvrir la vie d'un village traditionnel aux touristes, dans le district de Montalegre, au nord du pays.
Vannier, forgeron, charpentier, fileuse, boulanger, depuis longtemps retraités, ont repris du service pour redonner vie aux rues qui les ont vu grandir et attirer les promeneurs.
La municipalité a également mis en valeur le patrimoine de Paredes do Rio, réaménageant moulins, chapelles et autres monuments liés à son histoire, dans le cadre d'un vaste projet d'écosmusée.
"Le but est de recréer l'esprit de convivialité et de communauté", explique David Teixeira, l'un des promoteurs de cette initiative.
A l'instar de Paredes do Rio, de nombreux villages portugais qui n'ont pas pu s'adapter aux besoins d'une agriculture moderne se tournent de plus en plus vers le tourisme rural comme alternative.
"Nous devons à tout prix renaître de nos cendres", affirme à l'AFP Orlando Alves, adjoint au maire de la commune de Montalegre interrogé sur l'avenir économique de sa région.
Il y a quelques années encore Montalegre, à la frontière de la Galice, en Espagne, était connu pour ses pommes de terre de semence et l'élevage bovin. Des sols saturés par des années d'une culture intensive ont contraint les producteurs à interrompre cette activité pendant une vingtaine d'années pour laisser reposer les terres. Une pause fatale, selon M. Alves.
"Quand nous avons voulu reprendre la culture de la pomme de terre, la région avait perdu le train de la productivité", explique-t-il.
Il reste aujourd'hui dans l'ensemble du district 16.000 habitants, majoritairement retraités, contre plus de 30.000 en 1960, et 2.000 agriculteurs recensés.
"Les gens ici ont toujours eu un rapport très étroit avec la terre. Ils n'ont pas fait d'études et ne sont absolument pas préparés pour faire face aux nouveaux défis", explique ce responsable.
L'intégration du Portugal à l'Union européenne dans le milieu des années 80 n'a pas été à la hauteur des espoirs de ces agriculteurs.
"Je suis devenu eurosceptique", affirme M. Alves. "L'Europe et la Politique Agricole commune sont venus détruire le monde rural dans les zones périphériques où domine une agriculture de type familial".
"Le principal employeur de la région est la fonction publique. On ne crée pratiquement plus de postes de travail", observe de son côté Acacio Moura, agriculteur et maire de Paredes do Rio.
Dans ce contexte économique déprimé, le tourisme leur apparaît comme la dernière planche de salut.
Dans l'ensemble du pays les projets ne manquent pas et des unités hôtelières, gîtes, chambre d'hôtes et autres infrastructures d'accueil ont commencé à surgir un peu partout.
L'offre a ainsi crû de 9% dans le secteur du tourisme rural entre 2004 et 2005 et la capacité d'hébergement de 10%, représentant un total de 11.000 lits, selon la Direction générale du tourisme de l'espace rural.
Les différents projets comptent sur le soutien de l'Union européenne et sur celui du gouvernement, qui cherche à diversifier l'offre dans le secteur du tourisme. Un secteur qui reprèsente 7 à 8% du PIB et emploie 10% des actifs au Portugal.
Source: AFP -- 20/03/2007
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