Par Lévi FERNANDES
Un faux Nicolas Sarkozy souriant conduisant un fourgon blindé à côté d'une fausse Angela Merkel, pour sauver les pays du sud de l'Europe, ont défilé ce week-end dans les rues de Loulé (sud du Portugal), à l'occasion du carnaval de cette ville, qui a décidé de tourner la crise en dérision.
"La crise? Mieux vaut en rire, plutôt que l'inverse!", lance une habitante de Loulé d'une quarantaine d'années en regardant passer le couple franco-allemand, à bord d'un fourgon bleu, couleur du drapeau européen, suivant des panneaux fléchés indiquant les noms des pays du sud de l'Europe.
Juste derrière, sur un autre char se trouve un bonhomme rondouillard, lunettes sur le bout du nez, assis sur un fauteuil doré frappé à l'arrière du symbole de l'euro, avec devant lui un homme du peuple, agenouillé, pantalons retroussés, lui offrant une coupe pleine de pièces d'euros.
La crise européenne, l'austérité, la rigueur demandée aux Portugais, dont le pays est actuellement sous assistance financière internationale, ont largement inspiré cette année le traditionnel carnaval de Loulé, créé il y a plus d'un siècle.
Les festivités, qui se déroulent entre samedi et mardi, coïncident en outre avec la visite de la troïka représentant les créanciers du Portugal -- UE, Banque centrale européenne, FMI --, qui ont entamé mercredi leur mission trimestrielle chargée d'évaluer la mise en oeuvre du programme de rigueur exigé du pays.
"Troïka la crise... par le carnaval", proclame l'affiche officielle qui invite, grâce à un jeu de mots phonétique, à "remplacer la troïka par le carnaval".
"Je crois que le thème de la crise ne pouvait mieux tomber", souligne Joao Mota, un Lisboète qui a parcouru 250 km avec sa femme et ses deux jeunes enfants pour assister au plus vieux carnaval du pays.
"On va en profiter pour s'amuser ce week-end et ne pas trop penser au reste. On a assez de malheurs comme ça!", confie à l'AFP un retraité qui essaye d'attraper des confettis lancés de la quinzaine de chars qui défilent sur l'avenue principale de Loulé.
Les thèmes liés à la politique nationale sont également très présents dans le défilé.
"Moi je fais le pont", proclame une pancarte brandie par un ouvrier, en référence à la décision du Premier ministre, Pedro Passos Coelho, défilant en tenue militaire dans un char de guerre, de supprimer cette année le jour férié traditionnellement accordé aux fonctionnaires pour les réjouissances du mardi gras.
Le président portugais Anibal Cavaco Silva, qui a récemment soulevé une polémique après s'être plaint d'une retraite insuffisante, figure également en bonne place.
"L'aumône pour le président", peut-on lire sur une pancarte accrochée du cou d'un géant représentant le chef de l'Etat, alors que des spectateurs lui tendent des poches vides.
Situé dans la région de l'Algarve, principale destination touristique du pays, le carnaval de Loulé attire également de nombreux touristes visiblement séduits par le spectacle.
"C'est très réussi! Le carnaval c'est le moment de tous les excès. L'occasion de se moquer du pouvoir", lance Annick Scalone, une fonctionnaire de l'Education nationale qui est venue de France avec un groupe d'amis.
En raison des mesures d'austérité en vigueur, Loulé a dû s'adapter cette année à un budget de 250.000 euros, amputé d'environ 100.000 euros, au grand dam dess habitués.
"Oh! Cela n'a plus rien à voir avec les années précédentes. On voit bien qu'on est en période de crise", se lamente Maria Cavaco, une septuagénaire de Loulé. "Avant, il y avait beaucoup plus de monde. C'était beaucoup plus gai et joyeux", renchérit une voisine.
Malgré l'austérité, les organisateurs espèrent attirer 50.000 spectateurs jusqu'à mardi prochain.
Source: AFP -- 18/02/2012
A lire: http://ennaharonline.com/fr/international/9665.html
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire