Par Lévi FERNANDES
Le secteur de la construction, très dépendant des travaux publics, subit de plein fouet la crise économique et financière qui frappe le Portugal contraint de réduire drastiquement les grands investissements depuis qu'il se trouve sous assistance financière internationale.
Au dernier trimestre 2011, le nombre de salariés du secteur a atteint le plus bas niveau de ces 14 dernières années, pour s'établir à 418.000, contre plus de 700.000 travailleurs en 2010, d'après les derniers chiffres de l'Association des entreprises de construction et des travaux publics (AECOPS).
"Nous sommes face à la plus profonde et longue crise qu'ait connu le secteur", a estimé Manuel Reis Campos, directeur de la Confédération portugaise de la construction et de l'immobilier (CPCI).
"Le secteur n'échappe pas aux conséquences des mesures d'austérité prévues dans l'accord signé avec la Troïka" (UE-FMI-BCE, les créanciers du Portugal), a-t-il dit à l'AFP. Selon lui, "si rien n'est fait, quelque 140.000 emplois risque encore d'être détruits cette année".
Troisième pays de la zone euro à bénéficier d'un plan de sauvetage, après la Grèce et l'Irlande, le Portugal s'est engagé à assainir ses finances et à mettre en oeuvre un programme de rigueur en échange du prêt de 78 milliards d'euros accordé en mai 2011.
Toutefois, avec cette cure d'austérité le Portugal s'enfonce davantage dans la récession, alors que, selon des prévisions officielles, l'économie devrait cette année se contracter de plus de 3% et le taux de chômage dépasser les 14%, affectant en premier lieu les salariés du BTP.
Mais cette crise du secteur de la construction ne date pas du début de la crise financière de 2008.
Elle "a commencé après l'apogée de la période faste des grands travaux publics" à la fin des années 90 après la construction du Parc des Nations et du Pont Vasco de Gama à Lisbonne pour l'Exposition Universelle de 1998, a expliqué à l'AFP l'économiste Cristina Casalinho.
"Les années suivantes, les entreprises ont réussi à orienter leur activité vers le secteur résidentiel, bénéficiant de l'accès au crédit facile et des faibles taux d'intérêt après l'entrée dans la zone euro. Mais avec la hausse des taux d'intérêt et les difficultés d'accès au crédit après 2009, les entreprises de BTP ont perdu ce marché", a-t-elle ajouté.
Aujourd'hui, "l'absence de travaux publics, les difficultés croissantes d'accès au crédit" bancaire ou encore "les retards de payement de l'Etat qui accumule les dettes aux entreprises, expliquent en partie les difficultés du secteur", selon M. Reis Campos.
Dans les prochains mois "nous allons continuer d'assister à la fermeture et à la fusion de bon nombre de groupes afin d'ajuster l'offre à la demande en fonction des nouvelles réalités du marché", a estimé Mme Casalinho.
Pour sortir le secteur de cette crise, le gouvernement propose aux entreprises de se tourner notamment vers le marché de la réhabilitation urbaine dont il s'est engagé, dans le plan d'aide international, à simplifier les procédures administratives afin de favoriser la rénovation des vieux quartiers des principales villes du pays.
L'autre voie défendue par le gouvernement est celle de l'internationalisation.
"Les entreprises portugaises ont un savoir-faire et c'est aussi à l'Etat de les aider à s'internationaliser", a récemment observé le secrétaire d'Etat adjoint à l'Economie et au Développement régional, Antonio Almeida Henriques.
"Pour les entreprises disposant encore de ressources, il leur reste la possibilité de concourir à des projets publics dans des pays en développement", a souligné Cristina Casalinho citant notamment l'exemple des pays lusophones d'Afrique et d'Amérique Latine, d'anciennes colonies portugaises en plein développement telles que l'Angola et le Brésil.
Source:AFP -- 16/03/2012
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