mercredi 21 août 2013

Curieux destin d'un vin portugais enterré pour échapper à l'appétit français (2009)

   Curieux destin d'un vin portugais enterré pour échapper à l'appétit français
   Par Lévi FERNANDES

   BOTICAS (Portugal) - Deux siècles après les invasions françaises, le "vin des morts" continue de vieillir enterré dans le petit village de Boticas, dans le nord du Portugal, qui en a fait sa principale attraction.
   Traditionnellement produit par les habitants pour leur consommation personnelle, le "vin des morts" (Vinho dos Mortos) a obtenu il y a deux ans son appellation d'origine contrôlée et un petit musée, entouré de quelques vignes, a même été inauguré l'an dernier par le président portugais Anibal Cavaco Silva à l'occasion des célébrations du 200e anniversaire du départ des troupes napoléoniennes.
   C'est dans la cave en terre battue de sa maison située sur les hauteurs du village, situé à quelques kilomètres de la frontière espagnole, que Armindo Sousa Pereira enterre chaque hiver les 2.500 bouteilles de sa production.
   Ce retraité de 62 ans au regard vif est le seul habitant de cette commune vieillissante du Tras-os-Montes, victime de l'exode rural, à s'être lancé dans la commercialisation du traditionnel breuvage.
   Ici, tout le monde connaît l'histoire du "vin des morts". Son origine remonte à l'année 1808. Les soldats français viennent de traverser l'Espagne, ils sont entrés à Chaves, la plus grande ville portugaise après la frontière, et s'approchent de Boticas, pour rejoindre Porto.
   Redoutant les pillages, les habitants du village décident d'enterrer leurs biens les plus précieux. Un paysan enfouit quelques bouteilles de vin, denrée rare dans cette région vallonnée plantée de chênes et châtaigniers surtout dédiée à l'agriculture de subsistance.
   Quatre mois plus tard, les Français sont chassés avec l'aide des Anglais et le paysan retrouve son vin qu'il avait enterré dans une mine. Curieux mais sans trop y croire, il débouche une bouteille et, à sa grande surprise, découvre un vin différent, aux propriétés nouvelles: coloré, pailleté, légèrement gazéifié et fruité. Proches et voisins l'apprécient, la tradition est lancée.
   Depuis la mise sur le marché du premier millésime en 2008, ce vin rouge affichant 10° connaît un regain de notoriété.
   "Je suis contacté par des acheteurs qui me demandent de leur réserver des bouteilles dès qu'elle seront sorties de terre", affirme M. Sousa Pereira, qui collectionne avec fierté les coupures de la presse locale consacrées à cette tradition gastronomique unique.
   Enterrées en février, les bouteilles de vin seront vendues en juillet environ 5 euros l'unité dans les supérettes de la région, à l'office du tourisme de Boticas ou encore dans certains restaurants.
   "Je viens d'acquérir un autre vignoble, ce qui devrait me permettre de considérablement augmenter ma production l'année prochaine", affirme M. Sousa Pereira, qui a déjà commencé à rénover une nouvelle cave pour pouvoir y enterrer sa prochaine récolte.
 Source: AFP -- 06/05/2009

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire