Hu Jintao au Portugal : la Chine promet son aide, sans s'engager
Par Lévi FERNANDES
Le
président chinois Hu Jintao a promis son "soutien" au
Portugal pour l'aider à sortir de la crise, sans toutefois prendre
aucun engagement financier, ni en matière d'investissements
économiques, ni sur la question d'un éventuel achat de
dette.
Contrastant avec la moisson de contrats engrangés par la
France lors du séjour du dirigeant chinois, le Portugal n'a
recueilli que des promesses et déclarations d'intention, même si
plusieurs grandes entreprises portugaises ont fait état de
"négociations avancées".
"Nous sommes disposés à
soutenir par des mesures concrètes les efforts du Portugal à
réduire les impacts de la crise internationale", a déclaré,
sans plus de détails, M. Hu Jintao lors d'une conférence de presse
finale avec le Premier ministre portugais José Socrates.
La
visite d'Etat de deux jours du chef de l'Etat chinois avait suscité
ces derniers jours de fortes spéculations au Portugal sur la
possibilité que Pékin annonce, comme il l'a fait le mois dernier
pour la Grèce, sa disponibilité à acheter des titres de dette
portugaise, dont les taux d'intérêt sont au plus haut.
Dimanche,
les deux pays ont annoncé une série d'accords de coopération et de
partenariats entre entreprises dans les secteurs du tourisme, des
télécommunications, de l'enseignement, de la finance et des
énergies renouvelables, mais aucun contrat.
Selon les médias
portugais, des négociations sont en cours qui pourraient déboucher
à terme sur des contrats, impliquant en particulier des
investissements chinois dans le port en eau profonde de Sines (sud),
mais aussi des prises de capital dans les secteurs de l'énergie et
la banque.
Dimanche, le patron du groupe Energias de Portugal
Antonio Mexia a ainsi fait état de l'intérêt manifesté par
l'électricien China Power International (CPI) à devenir un
"actionnaire de référence" du groupe.
EDP fait partie
des entreprises dont le gouvernement portugais veut se désengager
dans le cadre de son programme de réduction de la dette
publique.
EDP et CPI ont déjà signé dimanche un accord de
coopération dans le secteur des énergies renouvelables, qui prévoit
un "soutien d'EDP à CPI en Europe, en Afrique et au
Brésil".
Par ailleurs, selon plusieurs médias portugais,
des discussions sont en cours pour une prise de participation
chinoise dans la BCP, première banque privée du pays fortement
implantée en Angola, le principal fournisseur de pétrole de la
Chine.
La BCP et sa rivale, BPI, ont toutes deux annoncé dimanche
des partenariats avec des banques chinoises, BPI avec Bank of China
et BCP avec Industrial and commercial Bank of China, afin
d'"identifier des opportunités d'investissement" en
Chine.
A plusieurs reprises au cours de sa visite, le président
Hu a insisté sur la volonté de la Chine de s'appuyer sur
l'expertise portugaise pour développer ses échanges avec l'ensemble
du monde lusophone, en particulier le Brésil et l'Angola.
La
Chine souhaite "étudier avec le Portugal les moyens de
développer la coopération économique et commerciale chinoise avec
d'autres pays d'expression portugaise", avait déclaré samedi
soir le président Hu, lors du banquet officiel offert en son
honneur.
Dimanche, le Portugal et la Chine ont affiché leur
"ambition de doubler leurs échanges commerciaux d'ici
2015".
Actuellement, le volume d'échanges entre les deux
pays est très marginal. Le Portugal ne se classe qu'à la 77e place
des fournisseurs de la Chine (222 millions d'euros d'exportations en
2009) et est son 65e client (1,1 milliard d'euros d'importations en
2009).
A titre de comparaison, selon les données fournies par la
délégation chinoise au premier jour de sa visite à Lisbonne, sur
les huit premiers mois de 2010, le volume des échanges avec
l'ensemble des pays lusophones a dépassé les 58,5 milliards de
dollars.
Source: AFP -- 07/11/2010
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