Le Douro, région protégée du vin de Porto, mise sur le tourisme
Par Lévi FERNANDES
ALIJO (Portugal) - La région du Douro, au nord du Portugal, célèbre pour son vin de Porto et inscrite au patrimoine mondial de l'humanité, tente de réduire sa dépendance à la production du vin et de profiter d'une situation géographique exceptionnelle pour se tourner vers le tourisme.
Façonnée par l'homme depuis plus de 2.000 ans, la vallée du Douro dévale 30.000 hectares de vignes sur ses flancs escarpés qui dessinent un immense amphitheâtre formé de terrasses soutenues par des murets en schiste ou des talus naturels.
Un paysage de petites parcelles appartenant à 33.000 vignerons peint avec toute la palette des verts, des rouges et des bruns, distingué en 2001 par l'Unesco.
En 2006, la commercialisation du vin du Douro, la plus ancienne région d'appellation d'origine contrôlée au monde (251 ans), a représenté un chiffre d'affaires de près de 500 millions d'euros, selon l'Institut du vin du Douro.
Outre le vin de Porto, la région produit du vin de table, un muscat, le "Moscatel Galego", ou encore du mousseux.
La production du vin n'empêche pas pour autant cette région de monoculture aux propriétés morcellées à l'extrême, de traverser une grave crise économique, malgrè les tentatives de regroupement des vignes en grandes "quintas", et de connaître l'exode rural.
Le village d'Alijo a ainsi perdu 40% de sa population dans les dernières années et ne compte plus que 14.000 habitants.
Obligé de s'orienter vers un nouveau modèle économique, à l'instar des agglomérations voisines, il a opté pour des projets liés aux énergies renouvelables et à "l'oenotourisme".
Alijo devrait accueillir prochainement l'une des dix centrales biomasses prévues par le gouvernement portugais et un barrage produisant de l'énergie hydraulique sur le fleuve Douro.
Certes, "la base économique de la région est le vin et le restera", comme indique l'ingénieur Ricardo Magalhaes, directeur de l'Unité de mission du Douro, créé pour coordonner les différentes politiques de développement de la région.
Mais le vin et le porto notamment, exporté dans 66 pays, ne sont pas seulement bons à boire mais doivent aussi permettre d'attirer les touristes, pensent les responsables de la région.
Aujourd'hui le tourisme dans la vallée du Douro se résume essentiellement aux bateaux de croisières qui partent de Porto et remontent le fleuve. Quelque 180.000 touristes naviguent ainsi sur le fleuve tous les ans.
"Le problème avec ce tourisme, c'est que les gens ne font que passer et ne s'arrêtent pas. Et les habitants de la région n'en tirent aucun bénéfice", a confié cependant à l'AFP José Artur Fontes Cascarejo, le maire d'Alijo.
L'objectif est donc de multiplier et de diversifier l'offre, en proposant des parcours autour du vin et de l'huile d'olive, comme le fait dèja Alijo, qui compte également ouvrir un musée du Douro.
L'autre grand projet de la région consiste à développer, grâce à une ligne de chemin de fer déjà existante, un parcours ferroviaire qui relierait Porto à la ville espagnole de Salamanque.
"Cela permettrait de traverser cinq sites classés patrimoines historiques", souligne le maire d'Alijo.
Partis du centre historique de Porto, les touristes traverseraient la vallée du Douro, s'arrêteraient à Guimaraes, ville fortifiée associée à la formation du Portugal au XIIe siècle, visiteraient le parc archéologique Foz Coa, qui héberge en plein air des gravures rupestres exceptionnelles et arriveraient enfin à la ville historique de Salamanque.
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