Des espèces rares du jardin botanique de Lisbonne menacées par la sécheresse
Par Lévi FERNANDES
La sécheresse particulièrement sévère qui frappe le Portugal cette année menace de nombreuses espèces du jardin botanique de Lisbonne, unique en Europe par sa diversité, selon les responsables du jardin.
"Plusieurs espèces d'arbres ont déjà séché cette année et nous avons dû les abattre", indique Maria Amélia Mouçao, responsable du jardin botanique de Lisbonne, rattaché au musée d'histoire naturelle.
"Le problème de la sécheresse ne date pas de cette année, mais il s'est aggravé depuis janvier", explique-t-elle à l'AFP.
Le jardin botanique, dont la création remonte au XIXe siècle, est un véritable havre de paix, qui s'étend sur quatre hectares sur l'une des collines du centre de la capitale portugaise. Chaque arbre planté, ramené par des voyageurs portugais et étrangers de leurs expéditions dans les anciennes colonies portugaises, raconte un peu le passé colonial du pays.
Cet ancien jardin d'une école jésuite s'est ainsi enrichi au fil des ans d'espèces très variées avant de devenir la première école scientifique universitaire, puis le musée d'histoire naturelle de la capitale dans le milieu des années quatre-vingt.
Le climat et la morphologie de la ville de Lisbonne en ont fait un jardin unique en Europe, qui renferme près de 1.300 espèces différentes venues notamment de Chine, du Brésil ou encore d'Afrique. On y trouve notamment de très beaux palmiers et l'une des plus importantes collections de cicas, les plus anciennes plantes du monde, du Portugal.
"Le terrain particulièrement accidenté favorise les niches climatiques et par conséquent l'épanouissement d'espèces très différentes, dont de nombreuses espèces tropicales", souligne Mme Mouçao.
"Ailleurs, ces espèces ne pourraient se développer que dans des serres", souligne pour sa part la spécialiste Ireneia Melo citée par le quotidien Correio da Manha.
Cette collection unique est aujourd'hui menacée par la sécheresse prolongée qui touche le pays, la plus grave des 60 dernières années au Portugal, selon le dernier rapport de l'Institut d'hydrologie.
"Les plantes sont plus vulnérables que les arbres, qui disposent d'un peu plus de réserves" mais le manque d'eau les fragilise et si rien est fait pour parer à cette situation, ils risquent de sécher.
"Nous avons dû commencer à arroser tous les jours dès le mois de janvier", alors que les années précédentes cet arrosage quotidien ne débutait qu'à l'approche de l'été, relève la responsable du lieu.
A ces problèmes climatiques, s'ajoute une grave crise financière liée à une mauvaise gestion des ressources hydrauliques. Certains bassins sont vides, faute d'eau suffisante pour les plantes.
"Le fait de dépendre de la compagnie des eaux publique (EPAL) pour arroser n'arrange rien", déplore la directrice qui défend une rénovation du système d'arrosage basé notamment sur la captation de l'eau de pluie et le stockage d'eau pendant l'hiver pour pouvoir l'utiliser pendant les périodes de sécheresse.
Plus de 70% du budget total de fonctionnement du jardin sert directement à payer la facture d'eau, fait-elle remarquer.
En attendant de trouver des solutions plus immédiates, les responsables du jardin ne cachent pas qu'ils accueilleraient avec enthousiasme la contribution de généreux mécènes pour les aider à sauver les espèces les plus menacées.
Source: AFP -- 17/06/2005
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