mardi 13 août 2013

A 100 ans, Manoel de Oliveira craint toujours de manquer d'argent pour ses films (2008)

   A 100 ans, Manoel de Oliveira craint toujours de manquer d'argent pour ses films
   Par Levi FERNANDES

  A bientôt cent ans et malgré une Palme d'Or en mai dernier, le réalisateur portugais Manoel de Oliveira, doyen des cinéastes, craint toujours de manquer d'argent pour ses films et se dit prêt, le cas échéant, à retravailler dans les conditions de ses débuts.
   "Les financements de mon prochain film sont assurés mais celui que je souhaite enchaîner tout de suite après, je ne sais pas encore. J'ai peur de me retrouver avec des problèmes de financement", a déclaré le réalisateur, lors d'un entretien accordé à l'AFP cette semaine à Porto (nord), la ville où il est né le 12 décembre 1908.
   Mais, assure-t-il, l'oeil pétillant derrière ses lunettes légèrement teintées, "même si j'ai des difficultés pour obtenir de l'argent pour mon prochain film, je ne veux de toute façon pas m'arrêter de tourner".
   Et pour continuer de travailler, le cinéaste portugais, qui a tourné avec les plus grands (Mastroianni, Deneuve, Piccoli, Malkovich...), est prêt à retrouver les conditions de tournage de ses débuts.
   "Je faisais tout tout seul: production, réalisation. J'étais derrière la caméra, je m'occupais du son et de l'image. Les acteurs, je les trouvais sur place. Je transportais tout le nécessaire dans une fourgonnette: projecteurs, câbles, 2 batteries de 24 volts pour l'éclairage", se souvient-t-il.
   "Il se peut qu'un jour je sois obligé de tourner à nouveau dans ces conditions si je n'obtiens pas de financements", observe-t-il, légèrement appuyé sur une canne dont il ne semble pourtant guère avoir besoin.
   Le 23 novembre, à moins de trois semaines de son centième anniversaire, Manoel de Oliveira donnera le premier tour de manivelle de son nouveau film "Particularités d'une jeune fille blonde", tirée d'un conte du grand romancier portugais Eça de Queiroz. Un film qu'il voudrait voir prêt pour le festival de Berlin en février prochain.
   Mais déjà, ce boulimique de travail pense au film suivant, "L'étrange cas d'Angélique", qu'il aimerait présenter au Festival de Cannes, en mai. "Je ne devrais pas avoir le temps d'en faire un troisième pour Venise" en septembre, fait-il semblant de regretter, d'un air amusé.
   Interrogé sur cette énergie qui semble encore décupler avec le temps, Manoel de Oliveira répond: "Je n'ai pas de secret. C'est le caprice de la nature qui décide et régit tout cela. Nous devons la respecter".
   Sur les vingt dernières années, le Portugais a réalisé exactement 20 films, soit une moyenne d'un film par an. Mais si l'essentiel de son oeuvre a été tournée à plus de 60 ans, après la révolution du 25 avril 1974 qui mit fin à la dictature salazariste, il n'oublie pas qu'il a débuté à l'âge du muet, avec un documentaire sur sa ville natale, Porto (Douro, travail fluvial - 1931). Et qu'à l'arrivée du "cinéma sonore", il était "contre".
   "Mais je n'étais pas le seul, se défend-il aujourd'hui. Il y avait des gens très bien qui étaient aussi contre.
   "Le muet était un mode d'expression qui se suffisait à lui-même, autonome", explique-t-il. "Il laissait de côté l'aspect littéraire et théâtral pour mettre en avant l'aspect photographique. Quand le cinéma a acquis le son, il a cessé d'avoir cet aspect utopique, cette dimension de rêve -- car le rêve n'avait ni sons, ni mots -- pour devenir beaucoup plus réaliste".
   Interrogé sur le regain de notoriété et les hommages qui ont marqué sa centième année, Manoel de Oliveira, parfois qualifié de "cinéaste de cinéphiles", répond en riant qu'"il est vrai qu'on connaît davantage mon âge que mes films". "Mais je suis heureux quand on voit mes films et que l'on comprend ce que j'ai voulu dire. Rien n'est plus gratifiant".
  
Source: AFP -- 07/11/2008

   El joven centenario Manoel de Oliveira teme falta de dinero para filmar
   Por Levi Fernandes

  Pronto será centenario, fue galardonado con una Palma de Oro honorífica en el último Festival de Cannes, y sin embargo el portugués Manoel de Oliveira, decano de los cineastas en activo, teme la falta de dinero para hacer películas y está dispuesto a volver a filmar en las condiciones espartanas de su juventud.
   "La financiación de mi próxima película está garantizada, pero la que quiero hacer justo después, todavía no sé. Tengo miedo de encontrarme con problemas de financiación", declaró el director, en una entrevista concedida a la AFP en Oporto (norte), la ciudad que lo vio nacer el 12 de diciembre de 1908.
   Pero, asegura con mirada viva, protegida por sus gafas ligeramente oscuras, "aunque tenga dificultades para obtener dinero para mi próxima película, no quiero dejar de filmar".
   Y para seguir trabajando, el cineasta portugués, que ha rodado con los más grandes (Mastroianni, Deneuve, Piccoli, Malkovich...), está dispuesto a revivir las condiciones de rodaje de sus primeras películas.
   "Lo hacía todo yo solito: producción, dirección. Estaba detrás de la cámara, me ocupaba del sonido y de la imagen. Los actores los encontraba allí mismo. Transportaba todo lo necesario en una furgoneta: proyectores, cables, dos baterías de 24 voltios para la iluminación", recuerda.
   "Puede que un día me vea obligado a filmar de nuevo en esas condiciones si no consigo financiación", observa, ligeramente apoyado en un bastón que no parece necesitar.
   El 23 de noviembre, a menos de tres semanas de ser centenario, Manoel de Oliveira arranca el rodaje de su próxima película, "Singularidades de uma rapariga loira" (Singularidades de una jovencita rubia), adaptación de un cuento del gran novelista portugués Eça de Queiroz. Una película que quiere tener lista para el Festival de Berlín, el próximo mes de febrero.
   Y este bulímico inveterado ya está pensado en la siguiente, "O estranho caso de Angélica" (El extraño caso de Angélica), que le gustaría presentar en mayo en el Festival de Cannes. "No creo que me dé tiempo de hacer otra más para Venecia", en septiembre, dice con falsa decepción y amplia sonrisa.
   Acerca de esta energía que parece en perpetuo aumento con el tiempo, Manoel de Oliveira responde: "No tengo ningún secreto. Es un capricho de la naturaleza, que decide y rige todo esto. Debemos respetarla".
   En los últimos 20 años, el cineasta portugués ha dirigido otras tantas películas, a un promedio de una al año. Lo esencial de su obra la ha realizado con más de 60 años, después de la revolución del 25 de abril de 1974 que acabó con la dictadura salazarista.
   Pero no olvida que debutó en la época del cine mudo, en 1931, con un documental sobre su ciudad natal titulado "Douro, faina fluvial". Cuando llegó el cine sonoro, Oliveira estaba en contra.
   "Y no era el único", argumenta ahora. "Gente muy buena también se oponía. El cine mudo era un modo de expresión que se bastaba a sí mismo, autónomo", explica. "Dejaba de lado el aspecto literario y teatral para resaltar el aspecto fotográfico. Cuando el cine adquirió sonido, dejó de tener este aspecto utópico, esta dimensión de sueño -porque el sueño no tenía sonidos ni palabras-, y se hizo mucho más realista".
   Preguntado sobre el aumento de notoriedad y los homenajes que marcan su centésimo año de vida, Manoel de Oliveira, calificado a veces como "cineasta de cinéfilos", responde entre risas que "ciertamente se conoce más mi edad que mis películas". "Pero me siento feliz cuando se ven mis películas y se entiende lo que he querido decir. Nada resulta más gratificante".
  
A lire: 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire