Après les tsunamis en Asie, le Portugal s'interroge sur sa vulnérabilité
Par Lévi FERNANDES
Le Portugal, qui a connu il y a 250 ans un séisme dévastateur, suivi d'un raz-de-marée comparable à celui qui a frappé plusieurs pays d'Asie, s'interroge sur ses capacités de réaction en cas de scénario catastrophe.
Au lendemain du séisme au large de l'île indonésienne de Sumatra qui a déclenché le 27 décembre un tsunami à travers l'Océan Indien, les pompiers portugais ont tiré la sonnette d'alarme.
L'Association nationale des pompiers professionnels (ANBP) a souligné l'"absence de plans d'urgence et d'études sur les conséquences d'un séisme de grande intensité au Portugal".
"Le pompiers portugais, notamment ceux basés dans les zones à risque, continuent à ne pas savoir ce qu'ils doivent faire", en cas de séisme majeur, indiquait l'Association.
Un mois plus tôt, la protection civile indiquait que le plan d'urgence pour Lisbonne (2,5 millions d'habitants dans la grande agglomération) en cas de catastrophe ne serait prêt que "dans deux ou trois ans".
Lisbonne dispose d'un "plan d'urgence pour prévenir et circonscrire les risques" en cas de séisme, assure toutefois le maire de la capitale Antonio Carmona Rodrigues.
Le grand tremblement de terre de Lisbonne, l'un des plus meurtriers d'Europe, est encore présent dans les esprits. Le 1er novembre 1755, la capitale est dévastée par trois secousses sismiques évaluées aujourd'hui entre 8,7 et 9 sur l'échelle de Richter, puis par un raz-de-marée dont les vagues atteignent 5 à 10 mètres, selon les témoignages de l'époque.
La capitale portugaise est presque entièrement détruite. Selon les historiens, près de 30.000 personnes ont péri.
La péninsule ibérique est en effet "traversée par deux plaques, si bien que le risque de séismes et de tsunamis est réel", souligne Miguel Miranda du centre géophysique de Lisbonne.
Il y a cinq ans, en pleine saison estivale, une fausse alerte au tsunami sur la côte touristique de l'Algarve avait provoqué un mouvement de panique sur les plages.
"Le Portugal ne dispose pas de système de détection de vagues géantes comme il en existe dans le Pacifique", relève Joaquim Luis. "Espérons que cette tragédie amorcera une réflexion en Europe".
Le 3 janvier dernier, des habitants de l'Algarve (sud) ont immédiatement appelé les services de secours en sentant la terre trembler. Quelques minutes plus tard, l'institut météorologique confirmait un séisme de magnitude 4,1 sur l'échelle ouverte de Richter. Cette secousse n'a fait ni dégâts ni victimes, mais a réveillé les craintes.
Quinze jours plus tôt, une secousse de 5,4 degrés sur l'échelle de Richter était ressentie à Lisbonne et plus au sud.
"Il n'est pas habituel de ressentir deux séismes en deux semaines... mais cela peut se produire de manière aléatoire", explique à l'AFP le professeur Joaquim Luis, de l'université des Sciences de l'Algarve.
C'est dans le sud du Portugal que les risques sismiques sont les plus importants. Les plaques tectoniques africaine et européenne convergent, à une centaine de kilomètres des côtes portugaises.
"La plaque ibérique se déplace d'environ 4 à 5 millimètres par an", relève M. Luis. Une vitesse dix fois inférieure à celle de la zone de Sumatra, selon les spécialistes.
"Pour que se produise un séisme très violent, il faudrait un déplacement subit d'une très grande faille sur 10 à 20 mètres... A raison de 20 mm par an il faudrait environ mille ans", estime-t-il.
Selon une étude de l'organisation de secours basée aux Etats Unis American Rescue Team International (ARTI) citée par les médias, un séisme de même magnitude que celui de 1755 pourrait faire 100.000 morts du fait de normes sismiques de construction défaillantes.
Source: AFP -- 07/01/2005
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