Salaires impayés, dettes au fisc, le football portugais est en crise
Par Lévi FERNANDES
Salaires impayés, dettes au fisc et à la sécurité sociale, exercices déficitaires: les clubs portugais traversent une situation difficile et les responsables du football plaident pour un assainissement urgent des comptes.
"La situation de certains clubs est dramatique. Il faut un assainissement financier urgent", défend Joaquim Evangelista, président du Syndicat des joueurs.
"Il y a des contradictions insoutenables dans le football portugais", fait valoir M. Evangelista dans des déclarations à la radio privée TSF. "Cette activité génère des millions. (...), mais d'un autre côté de nombreux joueurs traversent de véritables drames personnels et familiaux".
La situation des joueurs du Vitoria de Setubal (1re div.) a attiré l'attention sur les problèmes financiers chroniques d'un grand nombre de clubs portugais.
Les joueurs de ce club de la banlieue sud de Lisbonne, qui n'ont pas touché de salaires depuis le début de la saison, ont lancé un ultimatum le mois dernier à leur direction et menacé de démissionner si une solution n'était pas trouvée.
Après les joueurs de Setubal, c'est au tour des joueurs d'Estoril et d'Ovarense (2e div.) de déposer, cette semaine, des préavis de démission collective si leurs salaires ne sont pas régularisés dans les plus brefs délais.
Sept mois de salaires non payés pour les joueurs d'Ovarense (sud du Portugal), deux mois de retard pour ceux d'Estoril (environs de Lisbonne) la liste des clubs présentant de sérieux problèmes financiers ne s'arrête pas là, selon M. Evangelista.
Assainissement rapide des comptes
"Le nombre de cas connus n'est que la pointe de l'iceberg", observe-t-il. "Il y a des situations plus dramatiques dans d'autres clubs qui n'ont pour l'instant pas été évoquées publiquement" car beaucoup de joueurs craignent que cela nuise à leur carrière, explique M Evangelista.
Selon une étude réalisée par le Syndicat des joueurs, on trouve des cas de salaires impayés dans 80% des clubs professionnels à la fin de la saison dernière. Un chiffre encore plus élevé dans les clubs non professionnels.
Les solutions défendues par les responsables portugais passent par la mise en place d'une législation adaptée.
Le président de la Fédération portugaise de football (FPF), Gilberto Madail, prône même une réduction du nombre de clubs de football afin de favoriser un assainissement rapide des comptes.
"Il faudrait mettre en place un système de licenciement des clubs similaire à celui de l'Union européenne de football (UEFA)", a-t-il indiqué par ailleurs. "Cela permettrait de contrôler si un club a ou non la capacité de participer à une compétition professionnelle et s'il peut ou non payer les salaires des joueurs et les impôts", a fait valoir M. Madail.
M. Evangelista prône de son côté une intervention du gouvernement et la mise en place d'une réglementation adaptée à ce secteur tels que des "instruments de fiscalisation autonomes afin de favoriser davantage de rigueur et des sanctions sévères" à l'encontre des clubs qui ne respectent pas leurs engagements.
"Entre-temps, il faut régler les situations les plus urgentes", insiste M. Evangelista qui en appelle à la solidarité de la Ligue professionnelle de football et de la FPF.
"Seulement 5% des joueurs (portugais) touchent des salaires du niveau de ceux de Luis Figo, de Rui Costa ou de Cristiano Ronaldo", souligne M. Evangelista. "La réalité des autres joueurs est tout autre!".
Source: AFP -- 12/11/2005
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