lundi 26 août 2013

La grogne monte au Portugal contre les réformes économiques du gouvernement (2005)

   La grogne monte au Portugal contre les réformes économiques du gouvernement
   Par Lévi FERNANDES
 
   Le gouvernement portugais est placé devant une montée de la tension sociale des salariés du public qui protestent contre la suppression d'avantage acquis dans le cadre d'un programme de réformes économique.
   Militaires, policiers, infirmières, agriculteurs et bientôt les magistrats et procureurs, protestent notamment contre le relèvement de l'âge des retraites, aligné sur celui du système privé (soit 65 ans), contre la remise en cause des sous-système de sécurité sociale, contre la réduction d'effectifs ou encore le gel de la progression des carrières.
   "Nous allons défendre jusqu'au bout les droits acquis", a déclaré à l'AFP Manuel Ramos, responsable de la Fédération nationale des syndicats de la fonction publique.
   "Les changements introduits dans la fonction publique sont une menace à l'encontre de tous les travailleurs portugais. Le gouvernement veut prolonger la vie active pour tous", a-t-il ajouté.
   Jeudi quelque 35.000 fonctionnaires ont manifesté au centre de Lisbonne à l'appel du Front commun des syndicats de la fonction publique, qui s'étaient également mis en grève.
   Cette journée de mobilisation s'inscrivait dans une série de protestation des fonctionnaires mécontents de devoir faire les sacrifices demandés par le gouvernement pour lutter contre le dérapage des finances publiques.
   "Avec le régime actuel, nous ne pouvons pas garantir que dans dix ou vingt ans, nous serons en mesure de payer les retraites des fonctionnaires", a expliqué Fernando Teixeira dos Santos, ministre des Finances.
   Les fonctionnaires sont les premiers visés par ces réformes. Avec près de 700.000 employés, la fonction publique est parfois considéré comme un frein au développement économique.
   A son arrivée au pouvoir en mars dernier, le Parti socialiste avait mis en place un plan d'austérité, sur fond de hausse de chômage et de précarité, destiné à lutter contre un déficit public qui menace d'atteindre 6,2% du PIB cette année alors que le pacte de stabilité européen prévoit un déficit maximum de 3%. L'UE a imposé à Lisbonne de revenir sous le seuil des 3% d'ici 2008.
   Devant cette situation, le gouvernement est notamment revenu sur certaines promesses électorales, comme celle de ne pas augmenter les impôts, en relevant la TVA de 19 à 21%.
   Les élections municipales du 9 octobre, remportées haut la main par le principal parti d'opposition, le Parti Social démocrate (PSD, centre droit), renvoient un premier signe claire du mécontentement des électeurs qui ont sanctionné la politique du gouvernement.
   Certains analystes politiques sont plus mesurés dans cette analyse. "Les mesures impopulaires sont en fait populaires", analysait il y a quelque jours  Francisco Sarsfield Cabral, directeur de l'information de la radio catholique Renascença.
   Le gouvernement est en train de toucher à ce que beaucoup considèrent comme les privilèges d'un petit groupe, avait-il expliqué.
   Le chef du gouvernement José Socrates ne semble pas prêt à céder à cette grogne sociale. Il a rappelé il y a quelques jours que le résultat des municipales et la vague de contestation n'influenceraient pas sa politique de réforme.
   "Le gouvernement ne gouverne pas en fonction des calendriers électoraux, mais en fonction des besoins du pays", avait-il lancé au lendemain du scrutin.
   Malgré cette détermination, le gouvernement ne pourra faire l'économie, à un moment ou à un autre, de "s'interroger sur l'impact de ses mesures et notamment de la manière dont elle sont perçues", observe Joao Morgado Fernandes du Diario de Noticias.
   La contestation sociale n'est pas prêt de fléchir. La Confédération générale des travailleurs portugais (CGT) a appelé à une nouvelle journée de grève générale le 10 novembre.

Source: AFP -- 21/10/2005

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