Mario Soares quitte sa retraite à 80 ans pour la présidentielle de janvier
Par Lévi FERNANDES
L'ancien président socialiste portugais Mario Soares (1986-1996), figure emblématique de la Révolution des oeillets, a décidé à 80 ans de revenir en politique en présentant sa candidature à l'élection présidentielle de janvier 2006.
"Mario Soares va présenter sa candidature à la présidence de la République mercredi à 18H00 (17H00 GMT)", lors d'une conférence de presse dans un hôtel de Lisbonne, a déclaré à l'AFP une porte-parole de M. Soares.
M. Soares a été la principale figure de la démocratisation du Portugal, au lendemain de la Révolution des oeillets de 1974 qui avait renversé la dictature salazariste, et de l'adhésion du pays à la Communauté économique européenne (CEE) en 1986.
Député européen de 1999 à 2004, il avait exclu en décembre 2004 tout retour dans l'arène politique nationale.
"Ce serait pour moi perdre beaucoup de temps, j'en ai déjà perdu beaucoup avec la politique", avait-il déclaré à une radio privée.
Mais il a été soumis en juillet dernier à l'amicale pression du Premier Parti socialiste portugais José Socrates, élu en février, et des principaux dirigeants du Parti socialiste portugais.
"Son expérience et son prestige peuvent beaucoup contribuer à unir le Portugal", avait déclaré M. Socrates.
M. Soares a suggéré fin juillet que ce soutien d'un "poids indéniable" et le "vide des candidatures" à gauche pourraient le décider à quitter sa retraite.
Mais il s'était accordé un délai d'un mois de réflexion afin de s'assurer de soutiens politiques et syndicaux, avant de donner sa réponse fin août.
L'actuel président portugais, Jorge Sampaio, élu pour la première fois en 1996, ne peut se présenter à l'élection présidentielle de janvier, car il a déjà effectué deux mandats consécutifs, le maximum prévu par la Constitution.
Le principal adversaire de M. Soares devrait être l'ancien Premier ministre du Parti social démocrate (PSD, centre-droit), Anibal Cavaco Silva (1985-95), apprécié des Portugais pour avoir redressé la situation économique du pays.
M. Cavaco est crédité d'une large avance dans les derniers sondages, mais qui sont antérieurs au retour en politique de M. Soares. Il ne devrait pas annoncer sa candidature avant les élections municipales d'octobre prochain.
La candidature de M. Cavaco Silva sans adversaire capable de lui tenir tête reviendrait "à un plébiscite, une ballade sur l'avenue de la Liberdad (la principale artère de Lisbonne). C'est mauvais pour la démocratie", a déclaré il y a quelques jours Mario Soares
Les socialistes portugais ont perdu leur candidat putatif lorsque l'ancien Premier ministre Antonio Guterres (1995-2002) a été appelé en mai dernier à la tête du Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR).
Le député socialiste Manuel Alegre, candidat malheureux au poste de secrétaire général de son parti en 2004, a fait savoir qu'il était prêt à affronter M. Cavaco Silva.
Mais il n'a pas avoir le soutien de M. Socrates et les sondages donnent perdant ce poète moins connu du grand public.
M. Alegre ne semble toutefois pas prêt à jeté l'éponge. La "République n'est pas le propriété de quelques uns" et "les problèmes ne se résolvent pas avec des hommes providentiels", a-t-il déclaré récemment, anticipant le retour de Mario Soares.
Il doit annoncer mardi s'il renonce ou présente une candidature concurrente à celle de M. Soares.
Pour l'instant, seul le Parti communiste portugais a désigné son candidat en la personne de son secrétaire général, Jeronimo de Sousa.
Source: AFP -- 29/08/2005
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Portugal: la gauche en ordre dispersé pour l'élection présidentielle
Par Lévi FERNANDES
La gauche portugaise part en ordre dispersé pour l'élection présidentielle de dimanche au Portugal avec pas moins de cinq candidats, des socialistes à l'extrême gauche, et risque de payer cher sa division face au seul candidat à sa droite, le centre-droit Anibal Cavaco Silva.
Côté Parti socialiste (PS), deux figures historiques du parti disputent ce scrutin. D'un côté, l'ancien président Mario Soares (1986-1996), soutenu par le parti qu'il a fondé il y a plus de 30 ans, de l'autre le poète Manuel Alegre, député PS et vice-président du parlement, qui se présente en indépendant.
Les différences entre les deux tiennent davantage à des rivalités personnelles et à des querelles internes au PS qu'à de réelles discordances idéologiques.
Alegre, 66 ans, a fait de l'absence du soutien du parti un atout, se présentant comme le représentant d'un "mouvement des citoyens", libre de tout appareil politique à la différence de Soares qu'il a accusé d'être "le porte-parole du gouvernement" socialiste.
Alegre et Soares, tout deux à l'aile gauche du PS, se disputent la deuxième place derrière Cavaco Silva, qui, selon les sondages, obtiendrait plus de 50% des voix dès le premier tour.
Au cours des derniers jours le vice président de l'Assemblée a dépassé Soares dans les sondages avec entre 13,8 et 19% des intentions de vote contre 10,5 à 13,4% à son adversaire socialiste, selon les différents sondages.
Selon ces sondages il serait mieux placé que Soares pour disputer un éventuel deuxième tour.
M. Soares avait surpris en annonçant sa candidature en août dernier alors qu'il avait exclu quelques mois auparavant de briguer à nouveau la présidence.
Revenir en politique serait "perdre beaucoup de temps et j'en ai déjà beaucoup perdu avec la politique", avait-il proclamé en décembre 2004 à l'occasion de son 80e anniversaire.
"La gravité de la situation du pays, la difficile situation de l'Europe et l'incertitude et l'insécurité du monde m'ont obligé à renoncer au confort d'ancien président de la République", a-t-il assuré dans une interview à l'AFP.
"J'ai répondu aux sollicitations pour me mettre encore une fois au service du pays", a-t-il ajouté.
Alegre, candidat malheureux au poste de secrétaire général du PS en 2004, disputé contre l'actuel Premier ministre José Socrates, règle ses comptes avec son parti, selon certains commentateurs.
En se présentant contre l'avis des dirigeants du PS, il "se venge de la défaite infligée à l'occasion du dernier congrès du PS en 2004, à l'issue duquel José Socrates a été élu triomphalement (78,6% des votes) au poste de secrétaire général", écrivait la semaine dernière l'analyste Emidio Rangel dans le quotidien Correio da Manha.
Mais à la surprise générale, la candidature du poète-candidat semble parvenir à rassembler une large fourchette de mécontents à gauche, pas seulement au sein du PS, mais également dans le Parti Communiste (PCP) et dans le Bloc des gauches (BG, extrême gauche), selon certaines analyses basées sur des sondages.
A gauche du PS, le député du BG, Francisco Louça, représentant d'une gauche "alternative", dispute la quatrième place au secrétaire général du PCP, Jeronimo de Sousa, qui s'érige en défenseur des droits des travailleurs et n'hésite pas à s'en prendre violemment au gouvernement socialiste, accusé d'avoir trahi ses promesses et de mener une politique de droite.
L'un et l'autre obtiendraient aux environs de 6%, tandis que dirigeant du Parti communiste des travailleurs, Antonio Garcia Pereira, aurait moins d'un pour cent des suffrages.
Source: AFP -- 14/01/2006
Les socialistes portugais affaiblis après la défaite à la présidentielle
Par Lévi FERNANDES
L'élection du candidat de centre-droit Anibal Cavaco Silva à la présidence dimanche au Portugal risque d'ouvrir une crise au sein du parti socialiste au pouvoir qui, avec deux candidats en présence, a contribué à la division de la gauche qui l'a mené à la défaite.
Cavaco Silva, appuyé par le Parti social-démocrate et la droite, a été élu avec 50,6% des voix, devant deux leaders socialistes: Manuel Alegre, 69 ans, député du Parti socialiste et vice-président de l'Assemblée nationale, qui a obtenu 20,7% des voix, et le fondateur et dirigeant historique de ce même parti, Mario Soares, avec 14,3%.
Alegre, qui s'est présenté contre l'avis de son parti a ainsi relégué à la troisième place le candidat appuyé officiellement par l'appareil.
Ces résultats constituent une défaite personnelle pour Soares, mais également pour la direction du PS et plus particulièrement son secrétaire général et Premier ministre José Socrates, qui avait choisi d'ignorer "le rebelle Alegre", observent les analystes politiques.
Devant la division du PS, beaucoup de ses électeurs traditionnels ont reporter leurs voix sur Cavaco Silva et permis qu'un homme de centre-droit occupe la plus haute fonction de l'Etat, pour la première fois depuis la chute de la dictature en 1974.
En février dernier le PS faisait la plein de ses voix lors des élections législatives en obtenant la majorité absolue au Parlement avec 45% des voix. Dimanche, les deux candidats socialistes ont à peine obtenu 35% des votes.
Beaucoup au sein de parti ont attribué la responsabilité de la défaite à Alegre et demandé un congrès extraordinaire du Parti. Socrates cependant a assuré qu'il n'y aurait pas de "sanctions internes" à l'encontre du candidat frondeur.
Refusant de parler de crise il a affirmé que le congrès du PS se tiendra comme prévu en octobre prochain. "Des socialistes ont choisi de soutenir d'autres candidats. Nous respectons ces options", a-t-il déclaré dimanche soir.
Si Socrates semble disposé à passer l'éponge sur l'écart de M. Alegre, pour autant, il n'a pas l'intention de négocier son influence au sein du parti, selon les commentateurs.
De son côté, Alegre, qui a tenu à souligner qu'il avait rassemblé "plus d'un million de voix", n'entend pas en rester là et a affirmé vouloir contribuer "au renouvellement de la vie politique".
Tout au long de la campagne, celui qui s'est présenté comme le représentant d'un "mouvement des citoyens" contre la "partitocratie", a su rassembler une large fourchette de mécontents à gauche.
"Il y a un espace de citoyenneté au-delà des partis politiques", a affirmé Alegre à la suite du scrutin. "Je suis prêt à participer à de nouveaux combats", a-t-il lancé sans pour autant dévoiler un programme clair.
Beaucoup s'interrogent pour savoir ce que Alegre va faire de ce capital électoral. "Il ne pourra pas tenir le même discours au sein du PS que celui" qu'il a tenu pendant la campagne, fait valoir un responsable socialiste.
Par ailleurs, candidat malheureux au poste de secrétaire général du PS en 2004 disputé contre M. Socrates, Alegre ne bénéficie que d'un soutien limité au sein de l'appareil de son parti.
Une réunion de la commission politique du PS devrait se tenir cette semaine en présence du "rebelle", qui devrait permettre de sonder ses intentions et mesurer les forces au sein du parti.
Source: AFP -- 23/01/2006