Vives réactions autour du projet d'un musée dédié au dictateur Salazar
Par Levi FERNANDES
Le projet d'un musée consacré au dictateur portugais Antonio Salazar dans son village d'origine du nord-est du Portugal a mobilisé de nombreux militants anti-fascistes critiquant la mise en place d'un "sanctuaire" à sa gloire, destiné aux nostalgiques de la dictature.
Manifestations, colloques et une pétition à remettre très prochainement au parlement pour demander aux députés d'interdire la création du Musée Salazar, l'Union des résistants anti-fascistes portugais (URAP), qui a pris la tête de ce mouvement de contestation, a multiplié les initiatives ces dernières semaines.
"La mise en place de ce musée, axé sur la propagande du régime corporatif et fasciste de l'Etat nouveau (période de la dictature salazariste) et du dictateur, serait un affront à tous les Portugais défendant la démocratie et son acte fondateur: la Révolution du 25 avril 1974", qui a renversé la dictature, affirme le texte de cette pétition.
L'ancien dictateur portugais, qui a dirigé le pays d'une main de fer pendant plus de quarante ans, est décédé en 1970. Il a été inhumé dans le petit cimetière de Vimieiro, son village natal situé au nord-est du Portugal, dans les environs de Santa Comba Dao.
La maison de Salazar est déjà devenu un lieu de pèlerinage des nostalgiques du salazarisme lors des dates anniversaires de la naissance (28 avril) et de la mort (27 juillet) du dictateur.
La municipalité de Santa Comba Dao souhaite profiter de l'intérêt créer autour de Salazar pour transformer la maison où il est né en un musée et un centre de documentation sur le régime dictatorial institué en 1932.
Les responsables du projet du musée se défendent de vouloir entretenir un lieu à la mémoire du dictateur et expliquent que l'objectif est de créer un pôle destiné à l'étude du "salazarisme".
"Nous souhaitons d'une manière sérieuse, honnête et scientifique créer un centre d'études de l'Etat nouveau et un musée Salazar", rappelait récemment le maire de Santa Comba Dao, Joao Lourenço qui voit également là une occasion de "dynamiser le tourisme" dans sa région.
La mairie de Santa Comba Dao a déjà signé un accord avec les héritiers de Salazar pour transformer la maison de Salazar, qui tombe actuellement en ruine, en musée. La mairie a, par la même occasion, acquis plusieurs objets personnels ayant appartenu à l'ancien dictateur, comme une trousse de toilette contenant un rasoir et un blaireau, le lit d'hôpital où est il est décédé le 27 juillet 1970, du matériel de bureau, une collection de timbres ou encore un appareil photo et une chevrolet stylemaster.
Des incidents ont par ailleurs opposé, samedi après-midi, à Santa Comba Dao, près d'un millier de manifestants. D'un côté, de nombreux admirateurs de Salazar, qui s'étaient donné rendez-vous pour manifester leur soutien au musée Salazar et protester contre l'initiative des militants anti-fascistes venus également affirmer leur opposition au projet.
"25 avril toujours, le fascisme plus jamais", ont scandé les militants anti-fascistes, tandis qu'en face, de l'autre côté d'une barricade, contenue par des dizaines de policiers, les admirateurs du dictateur répondaient: "Salazar, le plus grand patriote portugais" ou encore avec sa disparition "la Nation portugaise est plus pauvre", en entonnant l'hymne national et en faisant le salut fasciste.
"Nous voulons éviter que ce village devienne un lieu de pèlerinage, d'hommage à un homme et à une idéologie toujours très active", fait valoir Antonio Vilarigues, l'un des responsables de l'URAP.
Beaucoup de Portugais s'inquiètent du regain d'intérêt autour du personnage de Salazar. L'ancien dictateur a notamment été élu récemment parmi les dix personnalités préférées des Portugais dans le cadre d'une émission de télévision chargée d'élire le "plus grand portugais de tous les temps", dont les résultats seront connus dans quelques mois.
Source: AFP - 01/03/2007
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