lundi 20 janvier 2014

Le litige terrorial luso-espagnol d'Olivenza refait surface (2003)

   Le litige terrorial luso-espagnol d'Olivenza refait surface
   Par Lévi FERNANDES
 
   Un litige territorial entre le Portugal et l'Espagne, oublié depuis près de deux siècles, refait surface grâce à un récent rapport de la CIA américaine évoquant le contentieux d'Olivenza au même titre que le Cachemire ou Gibraltar.
   Alors que Lisbonne et Madrid s'apprêtent à resserrer leurs liens au plus haut niveau, une association qui lutte pour la reconnaissance de la souveraineté portugaise sur le territoire d'Olivenza veut jouer les trouble-fête.
     Le "Groupe des Amis d'Olivença" (GAO) a interpellé jeudi les gouvernements espagnol et portugais, avant l'ouverture du sommet luso-espagnol vendredi à Figueira da Foz (centre du Portugal).
   La question d'Olivenza doit "figurer à l'ordre du jour des relations diplomatiques luso-espagnoles", écrit le GAO, dans une lettre adressée aux chefs de gouvernement espagnol José Maria Aznar et portugais José Manuel Durao Barroso. "Le moment est venu de respecter la légalité et le droit international", estime cette association.
   Au coeur du litige, un territoire d'environ 750 km carrés et sa ville, Olivenza (Olivença en portugais), fort d'environ 11.000 habitants, près de la ville frontalière espagnole de Badajoz (sud-ouest de l'Espagne). Sur quelques dizaines de kilomètres, la frontière entre les deux pays ibériques n'a jamais été officiellement délimitée.
   La question, qui embarrasse à l'évidence les deux gouvernements, n'est pas à l'ordre du jour, même si la CIA a récemment apporté de l'eau au moulin des "amis" portugais d'Olivenza.
   Dans une fiche sur le Portugal, la centrale américaine du renseignement relève que Lisbonne "réaffirme périodiquement ses revendications sur les territoires autour de la ville d'Olivenza".
   Le réglement du désaccord sur Olivenza "est gelé depuis le traité de Vienne en 1815", constatait en septembre l'ancien chef de la diplomatie portugaise Antonio Martins da Cruz.
     "Nous avons un problème et nous devons le résoudre", reconnaissait-il. Mais "nous devons agir avec prudence" afin de ne pas compromettre les liens étroits entre les deux pays, ajoutait M. da Cruz.
     Côté espagnol, on minimise la question. "Un petit problème", répète au téléphone un porte-parole de l'ambassade d'Espagne contacté par l'AFP.
   "Tous les pays voisins ont des problèmes de ce genre" estime-t-il. "La seule chose que nous pouvons dire, c'est que le Portugal n'a jamais réclamé officiellement le territoire de Olivenza", ajoute-t-il.
   Olivenza est passé sous domination espagnole au début du dix-neuvième siècle, un acte consacré par le Traité de Badajoz de 1801.
     Mais en 1815 le Traité de Vienne stipule qu'Olivenza doit être rétrocédé au Portugal, dans un article resté lettre morte.
   Pour Mario Rodrigues, président de l'association Forum Olivença, "le silence est de règle" en raison des liens économiques entre les deux pays ibériques.
     "L'Espagne, qui connaît un développement économique largement supérieur" est "un partenaire économique important du Portugal", explique M. Rodrigues. Selon lui, Lisbonne craint des représailles économiques s'il déclenchait une crise diplomatique.
   Olivenza, dont les monuments témoignent d'un brillant passé portugais, s'est peu à peu hispanisé et ses habitants ne manifestent guère le souhait de redevenir Portugais. Un argument qui compte peu aux yeux des associations.
     "Le droit international ne reconnaît pas le principe des droits des peuples à l'autodétermination car le territoire a été annexé par la force", assène M. Rodrigues.
   Reste que les associations de défense ne manquent pas une occasion de soulever la "question d'Olivença" à chaque rencontre luso-espagnole.
    Source: AFP - 07/11/2003

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