Mobilisation pour la création d'un musée autour du "Schindler portugais"
Par Lévi FERNANDES
Un groupe de personnalités se bat depuis des années pour la création d'un musée consacré à la défense des droits de l'homme, à la mémoire d'Aristides Sousa Mendes, consul portugais à Bordeaux (France) qui a sauvé des milliers de réfugiés au début de la Seconde Guerre mondiale.
La propriété du diplomate, qui est aujourd'hui en ruines, "porte une charge historique qui doit être utilisée pour la création d'un musée", selon la présidente de la Fondation Sousa Mendes, Maria Barroso, épouse de l'ancien président portugais Mario Soares.
"Notre projet est de faire de cet endroit, un lieu de rencontre, destiné aux plus jeunes, afin de parler de l'action de ce diplomate (...) et de l'importance de la solidarité humaine", a expliqué à l'AFP Mme Barroso qui a mis sa notoriété au service de ce projet.
Ce musée pourrait comprendre "une section consacrée notamment aux nombreux réfugiés" qui ont transité par le Portugal pendant la Seconde Guerre mondiale, précise Antonio Sousa Mendes, l'un des nombreux petit-enfants du diplomate.
"Nos principales difficultés sont dues à l'absence de fonds", souligne-t-il.
"Il y a eu plusieurs promesses et tentatives mais pour l'instant elles n'ont rien donné", observe Mme Barroso. "Nous devons à tout prix trouver une autre stratégie".
Après l'hommage rendu au diplomate par une vingtaine de pays en juin dernier, à l'occasion du cinquantième anniversaire de sa mort, l'Unesco évoquera à son tour son parcours en mai prochain à Paris.
Ces initiatives "doivent permettre de faire écho à notre projet", fait valoir Alvaro Sousa Mendes, un autre descendant du diplomate.
Décédé il y a un peu plus de cinquante ans, Aristides Sousa Mendes est surnommé le "Schindler portugais" en référence à Oskar Schindler, l'industriel allemand qui a sauvé des centaines de juifs de la déportation.
Aristides Sousa Mendes était consul du Portugal à Bordeaux (sud ouest de la France) lorsque la guerre éclate. Des milliers de réfugiés fuient vers le sud de l'Europe afin d'émigrer en Amérique.
Emu par leur détresse, le diplomate n'hésite pas à désobéir aux instructions du dictateur portugais Oliveira de Salazar, qui avait ordonné de refuser des visas d'entrée au Portugal.
Contrevenant aux ordres de Lisbonne, il ouvre les portes du consulat en juin 1940, puis travaille jour et nuit, pendant trois jours, pour accorder gratuitement des milliers de visas. Près de 30.000 réfugiés, dont 10.000 juifs, auraient été sauvés par le consul, selon les historiens.
Rappelé aussitôt à Lisbonne, il sera rayé de la diplomatie pour désobéissance et meurt en 1954 dans le dénuement le plus total.
L'Etat portugais a fait un premier geste vers la réhabilitation du diplomate lorsque le ministre socialiste des Affaires étrangères Jaime Gama a décidé en 1988 de le réintégrer dans la carrière diplomatique à titre posthume et de racheter son ancienne propriété, tombée entretemps en ruine.
Avec l'indemnisation versée par l'Etat d'environ 75.000 euros, les héritiers du diplomate ont créé en 2000 une Fondation. Mais, ils poursuivent un projet plus ambitieux: transformer le manoir familial de Canas do Viriato, près de Viseu (centre), en musée.
La Fondation vit, depuis quatre ans, de donations ponctuelles et continue de faire appel à la générosité de donateurs, dans le monde entier.
Source: AFP - 24/02/2005
A lire aussi: http://www.aristidesdesousamendes.com/zfondation.htm
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