mardi 14 janvier 2014

Portugal: une modernisation rapide mais qui coûte cher et pour longtemps (2012)

   Portugal: une modernisation rapide mais qui coûte cher et pour longtemps 
   Par Lévi FERNANDES

   Depuis son entrée en 1986 dans l'Union européenne, le Portugal s'est considérablement modernisé, se dotant d'infrastructures parfois surdimensionnées, dont la lourde facture pèsera encore longtemps sur les finances publiques.
   De 1990 à 2009, ce petit pays, de 560 km de long pour à peine 160 de large, a construit pas moins de 2.600 km de routes et autoroutes, grâce aux financements européens et à la multiplication de partenariats public-privés (PPP), aujourd'hui fortement contestés.
   Ces partenariats, dont le concept est né dans les années 90 au Royaume-Uni, associent l'Etat à un acteur privé qui prend en charge la construction et le financement d’une infrastructure publique en échange d'une concession sur une période généralement de 30 ans et d'un loyer versé par l'Etat.
   Cette association permet à l'Etat d'éviter de lourds investissements de départ et aux entreprises privées de gagner des marchés jusque là fermés.
   Depuis le lancement en 1992 de la construction du pont Vasco de Gama à Lisbonne, l'un des plus longs au monde, inauguré six ans plus tard, le Portugal a eu largement recours à ces contrats, non seulement pour ses infrastructures routières, qui représentent plus de 50% du bugdet de l'Etat consacrés aux PPP, mais aussi pour développer son réseau ferroviaire ou encore construire des hôpitaux.
    Selon la loi de finances 2011, les partenariats public-privés coûteront cette année 842 millions à l'Etat, mais ce montant devrait considérablement s'alourdir, dépassant 1,2 milliard par an entre 2014 et 2018, d'après les estimations officielles.
   "Le problème du Portugal est qu'il y en a eu trop", souligne l'économiste José Manuel Viegas, professeur à l'Institut Supérieur technique de Lisbonne.  "Le Portugal est de loin le pays qui, proportionnellement à son PIB, a eu le plus recours à ces partenariats", affirme-t-il à l'AFP.
   D'après le dernier rapport du ministère des Finances, le pays comptait en 2009 86 partenariats public-privés, dont 57 en exploitation, 17 en construction et 12 au stade d'appels d'offres.
   "Ces partenariats ont permis aux gouvernements successifs de réaliser de grands investissements sans impact immédiat sur le budget de l'Etat", explique Carlos Moreno, ancien membre de la Cour des comptes.
   "Or, la facture de ces PPP arrive aujourd'hui dans un contexte de crise", souligne-t-il dans son récent livre "Comment l'Etat dépense notre argent".
   Le mois dernier, la mission de l'UE et du FMI, chargée de négocier le plan d'aide financière au Portugal, avait demandé au gouvernement socialiste de comptabiliser dans ses dépenses de 2010 les coûts d'investissements de trois PPP dans le domaine routier.
   En conséquence, le déficit public, jusqu'alors estimé à 7,3% du PIB, avait dérapé à 9,1% du PIB.
   Face à l'impact de ces contrats sur les finances publiques, la "troïka" UE-FMI-BCE a exigé le gel de "tout nouveau PPP" en attendant une évaluation technique des 20 plus importants partenariats, en particulier ceux menés par l'entreprise publique Estradas de Portugal, qui gère la majorité des autoroutes du pays.
   Une mesure saluée par le principal parti de l'opposition portugaise, le Parti social-démocrate (PSD, centre-droit) qui, depuis plusieurs mois, dénonce l'"opacité" de ces contrats.
   Comme en 2009, le PSD en a fait un de ses thèmes majeurs de campagne pour les législatives anticipées du 5 juin, exigeant du gouvernement démissionnaire "la vérité sur les squelettes cachés dans l'armoire appelée +PPP+".
Source: AFP - 20/05/2011   

   Gratuites ou payantes? Débat autour de sept autoroutes portugaises 
   Par Lévi FERNANDES

   Sept autoroutes portugaises prévues pour être gratuites, sont devenues payantes en raison de la crise, une mesure de plus en plus contestée par ceux qui estiment que les péages freinent le tourisme et le développement de régions défavorisées.
   Les SCUT, acronyme qui désigne les autoroutes "sans frais pour les utilisateurs", donc gratuites, avaient été créées en 1997 pour impulser le développement des régions les plus défavorisées de l'intérieur du pays.
   Mais la crise a eu raison de cette générosité, l'instauration de péages sur ces autoroutes ayant été l'une des mesures exigées par les bailleurs de fonds du Portugal en échange de l'aide exceptionnelle de 78 milliards d'euros, accordée en mai 2011.
   Les critiques visent en particulier les péages sur l'autouroute A22, connue sous le nom de "via do infante", qui traverse sur 133 kilomètres d'ouest en est l'Algarve, la principale région touristique du pays, jusqu'à la frontière espagnole.
   L'Association des professionnels du tourisme de l'Algarve (AHETA) a appelé cette semaine le gouvernement à les suspendre immédiatement dans "l'intérêt régional et national".
   "Ces péages sont un désastre. Ils vont entraîner d'énormes pertes pour l'économie, surtout à l'approche de la haute saison touristique", a expliqué à l'AFP Eliderico Viegas, président de l'AHETA.
   Le nombre de touristes venant de l'Espagne voisine "a déjà diminué de plus de 20% sur un an depuis l'introduction des péages et cela devrait encore empirer pendant l'été", a-t-il ajouté.
   Le tourisme, qui représente près de 66% du PIB régional, est la principale activité de l'Algarve qui accueille chaque année quelque 5 millions d'étrangers, d'après l'Institut du tourisme de la région.
   Sur ces autoroutes, les péages sont assurés par des portiques électroniques et le paiement se fait par un système de télépéage.
   Les habitants et professionnels de ces régions jouissent d'un régime d'exception, qui doit être réévalué fin juin, leur permettant de bénéficier de dix passages gratuits par mois.
    Les véhicules étrangers doivent en revanche, avant de les emprunter, se procurer un dispositif d'identification associé à une carte de crédit ou à un système de prépaiement.
   "Ce système est injuste et confus, surtout dans une région ou la majorité des utilisateurs sont étrangers. Quand on veut attirer les touristes, on ne peut pas leur créer des difficultés de ce genre", a fait valoir M. Viegas.
   Le mécontentement gagne également les utilisateurs des autres autoroutes devenues payantes dans le centre et le nord du pays, notamment entre la Galice (nord-ouest de l'Espagne) et le Minho (nord du Portugal). Pour protester contre ces péages, des portiques ont été vandalisés à plusieurs reprises.
   "Les SCUT ont été construites pour aider l'économie des régions les plus déprimées, bénéficiant de fonds européens pour leur construction. Aujourd'hui, elles sont payées, alors pourquoi maintenir des péages dans un contexte économique fragile?", s'interroge Sergio Ferraz du mouvement des utilisateurs opposés aux péages dans les anciennes SCUT.
   L'autre argument avancé par les opposants à ces péages concerne la sécurité routière. Les automobilistes préférent aujourd'hui emprunter les nationales plus dangereuses. Depuis, l'introduction des péages, la fréquentation de ces autoroutes a reculé de plus de 45% dans le nord du pays et de 56% en Algarve.
   "Il n'y pas d'alternative viable, observe M. Ferraz. Les routes nationales sont des artères dangereuses qui traversent les centres villes avec de nombreux passages piétons et feux rouges".
   "Depuis, le nombre d'accidents graves et mortels ont augmenté", rappelle de son côté le responsable de l'AHETA.
    Le gouvernement portugais a fait savoir qu'il étudiait l'impact de ces nouveaux péages et qu'il se prononcerait prochainement.
 Source: 15/06/2012

A lire: http://www.20minutes.fr/economie/954191-gratuites-payantes-debat-autour-sept-autoroutes-portugaises
http://www.journaldunet.com/economie/actualite/depeche/afp/24/944104/gratuites_ou_payantes_debat_autour_de_sept_autoroutes_portugaises.shtml
http://www.citizenside.com/fr/photos/faits-divers/2012-06-19/62343/portugal-debat-sur-sept-autoroutes-devenues-payantes-a-cause-de-la-crise-economique.html
http://m.express.be/business/fr/economy/4dd8708767f0d0e900ef4f1c5ec17691-231/170333.htm




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