Dépénalisation de l'avortement: mobilisation pour un nouveau référendum
Par Lévi FERNANDES
Associations et personnalités politiques se mobilisent au Portugal afin que l'avortement ne soit plus considéré comme un crime passible de prison, à la veille de la reprise d'un procès à Aveiro (nord).
Des manifestations seront organisées mardi à l'occasion de la troisième session du procès d'Aveiro où comparaissent dix-sept personnes, dont un médecin et sept femmes, accusées d'avoir pratiqué ou subi une interruption volontaire de grossesse (IVG).
Partisans de la dépénalisation totale et catholiques modérés font circuler depuis novembre une pétition réclamant un nouveau référendum sur l'avortement. Plus de 30.000 personnes l'ont déjà signée, mais il faut 75.000 signataires pour que la proposition de referendum soit débattue au parlement.
La consultation populaire porterait sur la décriminalisation de l'IVG réalisée au cours des dix premières semaines de grossesse avec l'accord de la femme dans un établissement légal de santé, afin qu'elle ne soit plus passible de peine de prison.
"Nous avons besoin de faire avancer ce processus rapidement afin que la question de l'avortement ne soit pas éclipsée par les élections européennes (juin 2004)", explique à l'AFP Manuela Tavares, chercheur au centre d'études sur l'histoire des femmes de l'Université Aberta à Lisbonne.
"Actuellement quelque soit le projet de loi soumis au parlement, il n'a aucune chance de passer sans une forte mobilisation de l'opinion", ajoute-t-elle.
Un premier référendum en 1998 avait débouché sur un non (50,9%) à une dépénalisation de l'avortement jusqu'à 10 semaines sur simple demande de la femme.
"Le référendum de 1998 avait été décidé dans la précipitation", souligne Helena Pinto, présidente de l'UMAR (Union des femmes: réponses et alternatives).
"Il n'y avait pas vraiment eu de campagne" ce qui explique peut être "le fort taux d'abstention" qui s'est élevé à plus de 65%. "Mais aujourd'hui la société a mûri", fait valoir pour sa part Maria José Alves, gynécologue obstétricienne.
Pour Ana Gomes, responsable des questions internationales du Parti socialiste, le refus de l'ancien Premier ministre socialiste Antonio Guterres, fervent catholique, de s'engager pour le oui a certainement contribué à l'échec.
"Le fait qu'il soit très catholique a certainement eu un impact sur le manque de mobilisation du PS à l'époque, mais la situation est très différente... La direction du PS est actuellement ouvertement favorable et déterminée à organiser un nouveau référendum", observe-t-elle.
Le mois dernier, le Premier ministre de centre droit José Manuel Durao Barroso a exclu un nouveau référendum durant la législature en cours.
Le Portugal est l'un des pays d'Europe avec l'Irlande où la législation est la plus répressive. L'avortement n'est autorisé qu'en cas de risque pour la vie de la mère, et, dans des délais limités, en cas de danger pour sa santé physique et psychique, de risque de malformation congénitale des nouveaux-nés ou de violences sexuelles.
Quelque 20.000 à 40.000 avortements clandestins par an sont réalisés au Portugal, selon le centre d'études sur l'histoire des femmes, et 11.000 entraînent des complications recensées par les services de santé.
En janvier 2002 une sage-femme reconnue coupable d'avoir pratiqué des avortements clandestins avait été condamnée à huit ans et demi de prison, lors du procès de Maia. Elle a été graciée le 25 décembre par le président socialiste Jorge Sampaio.
De son côté l'Eglise souhaite le statu quo, tout en exprimant sa "compassion". "L'avortement est une situation criminelle mais les femmes sont des victimes", déclare Vitor Feytor Pinto, porte-parole de l'Eglise pour la Santé.
Source: AFP - 12/06/2004
Procès avortement: un verdict attendu en plein débat sur la dépénalisation
La justice portugaise rendra mardi un verdict très attendu dans un procès sur l'avortement qui a relancé le débat au sein de l'opinion publique, désormais plus ouverte à l'assouplissement d'une des lois les plus répressives d'Europe.
Au total dix-sept personnes sont poursuivies dans le procès d'Aveiro (nord): un médecin, sept femmes accusées d'avoir subi des avortements clandestins, ainsi que des proches jugés "complices".
L'avortement illégal est passible au Portugal de peines allant jusqu'à huit ans d'emprisonnement pour ceux qui le pratiquent et jusqu'à 3 ans pour la femme qui avorte.
Ce procès médiatique a coïncidé avec la mobilisation de plusieurs associations et militants de gauche en faveur d'un assouplissement de la loi dans un pays de forte tradition catholique.
Une pétition, ayant recueilli plus de 120.000 signatures, a été remise fin janvier au parlement. Il fallait un minimum de 75.000 signatures pour que la question soit débattue à l'Assemblée.
Les signataires réclament l'organisation d'un référendum sur une dépénalisation partielle de l'avortement pratiqué dans un établissement légal jusqu'à la dixième semaine de grossesse, afin d'éviter aux femmes les peines de prison.
L'interruption volontaire de grossesse (IVG) n'est autorisée qu'en cas de danger pour la vie de la mère, ou de risque pour sa santé physique ou psychique (jusqu'à 12 semaines), de risque de malformation congénitale des nouveaux-nés (24 semaines) ou de violences sexuelles (16 semaines).
Seules 675 IVG ont été pratiquées légalement en 2002, alors que les avortements clandestins sont estimés entre 20.000 et 40.000.
Plusieurs propositions de loi visant une dépénalisation plus ou moins étendue viendront en discussion au parlement le 3 mars. Le projet de référendum pourrait être débattu le même jour.
L'issue du débat dépendra de la discipline de vote à laquelle ont été conviés les députés du Parti social démocrate (PSD, centre droit), principale formation gouvernementale, très divisée sur la question.
Les responsables du PSD répètent qu'il n'y aura pas de référendum avant la fin de la législature en 2006.
Le Premier ministre José Manuel Durao Barroso s'est récemment déclaré "incapable de condamner une femme ayant fait ce choix". Mais il ne veut pas remettre en cause le pacte de gouvernement conclu avec le Parti Populaire (CDS/PP, droite), qui fait du statu quo son cheval de bataille.
Les dernières enquêtes d'opinion marquent une nette évolution de l'opinion publique. Selon un sondage publié récemment par l'hebdomadaire Expresso, 67% des Portugais souhaitent un nouveau référendum, 74% veulent qu'il soit organisé dès 2004 et 79% voteraient en faveur d'une légalisation de l'avortement.
Les mouvements anti-dépénalisation ne sont pas en reste. Pour l'Eglise, qui affiche sa compassion à l'égard des femmes "victimes", l'avortement est "un crime". "La loi doit avoir un effet pédagogique" dissuasif, explique Vitor Feytor Pinto, porte-parole de l'Eglise.
Des associations pro-vie font signer une contre-pétition réclamant une protection juridique du foetus. Elles rappellent qu'en 1998, les Portugais avaient dit non à 50,9% à une dépénalisation de l'IVG, lors d'un référendum marqué par une très faible participation.
Le dernier mot sur l'organisation d'une consultation populaire revient au président de la République. Jorge Sampaio, socialiste, avait envoyé un signal clair en graciant, à l'occasion des fêtes de Noël, une infirmière condamnée à huit ans de prison pour avoir pratiqué des avortements.
Source: AFP - 15/02/2004
DOSSIER journée internationale de la femme
Par Lévi FERNANDES
Les partisans d'un assouplissement de la législation sur l'avortement au Portugal se mobilisent à nouveau à l'occasion de la journée internationale de la femme, quelques jours après le rejet par le parlement de tout changement de la loi.
Un rassemblement est prévu lundi après-midi dans le coeur historique de Lisbonne à l'initiative des promoteurs d'une pétition ayant recueilli plus de 121.000 signatures en faveur d'un nouveau référendum sur une dépénalisation partielle de l'avortement au Portugal.
"Nous allons continuer de nous battre", a déclaré à l'AFP Manuela Tavares, chercheur au centre d'études sur l'histoire des femmes de l'Université Aberta à Lisbonne.
"Après ce débat, beaucoup de choses ont changé". "Toute cette mobilisation autour de l'avortement a permis de créer un mouvement d'opinion et a rendu visible les divisions au sein de la coalition gouvernementale", souligne par ailleurs Mme Tavares, également l'une des responsables de l'UMAR (Union des femmes: réponses et alternatives).
"Le chemin est ouvert à présent. Ce mouvement est en place et il est irréversible", a-t-elle poursuivi.
Mercredi le parlement portugais a rejeté les projets de loi et les propositions de référendum sur une dépénalisation de l'avortement au Portugal présentés et votés par les quatre partis de gauche dans l'opposition.
Au terme d'un débat houleux de plusieurs heures, la majorité parlementaire s'est contentée d'adopter une résolution imposant aux pharmacies la distribution de moyens contraceptifs et demandant au gouvernement de généraliser les cours d'éducation sexuelle à l'école.
La principale formation politique au pouvoir, le Parti social démocrate (PSD, centre droit), bien que divisée sur la question de l'avortement, a respecté une discipline de vote et a voté en bloc contre tous les projets.
Le PSD ne veut pas remettre pas en cause la législation ni organiser de nouveau référendum avant la fin de la législature en 2006 afin de respecter le pacte gouvernemental conclu avec le Parti Populaire (CDS/PP, droite), hostile à tout assouplissement.
Mais certains députés de droite ont tenu à fournir des explications de vote à l'issue du débat parlementaire défendant pour bon nombre d'entre eux une dépénalisation rapide.
"Les politiciens ne peuvent garder les yeux fermés face à une modification fondamentale", a déclaré Manuela Aguiar, députée du PSD, dans une déclaration écrite. Elle confie avoir voté aux côtés du PSD "pour une question de discipline de vote (...) imposée pour la première fois sur un sujet de cette nature".
Du côté du parti socialiste, on ne baisse pas les bras non plus. Le PS envisage soit de proposer un nouveau projet de loi dès la rentrée, soit de trouver une solution juridique, qui sans changer le code pénal, éviterait aux femmes ayant avorté d'être condamnées à des peines de prison.
Le débat sur l'interruption volontaire de grossesse (IVG) au Portugal a été relancé par un procès à Aveiro (nord) dans lequel 17 personnes ont été traduites en justice. Sept femmes accusées d'avoir subi un avortement clandestin risquaient jusqu'à trois ans de prison. Tous les accusés ont été acquittés le 17 février, mais le ministère public a fait appel.
Les avortements autorisés restent strictement limités au Portugal, tout comme en Irlande et en Pologne, et atteignent à peine quelques centaines. Quant aux avortements clandestins, ils sont estimés entre 20.000 et 40.000 par an et entraînent souvent des complications.
Source AFP - mars/2004
Lisbonne prête à débattre mais pas à modifier la loi sur l'avortement
Par Lévi FERNANDES
Le gouvernement portugais s'est déclaré jeudi ouvert à un débat sur l'interruption volontaire de grossesse, relancé par la venue du "bateau de l'avortement", tout en refusant catégoriquement un assouplissement de la loi avant la fin de la législature en 2006.
"Nous n'allons pas modifier notre position, conformément aux engagements pris par l'ancien et l'actuel gouvernement pour cette législature", a déclaré Domingos Jeronimo, secrétaire d'Etat à la Présidence, à l'issue du Conseil des ministres.
Mais "les débats seront toujours possibles et souhaitables", a-t-il ajouté.
De son côté, le ministre néerlandais des Affaires étrangères Ben Bot a demandé par téléphone à son homologue portugais Antonio Monteiro de laisser accoster le bateau clinique néerlandais "Borndiep", ancré depuis dimanche au large de Figueira da Foz (centre), à la limite des eaux territoriales portugaises. M. Bot a toutefois a reconnu au Portugal le droit d'interdire au bateau clinique d'entrer dans l'un de ses ports.
La demande néerlandaise a été transmise au Premier ministre, Pedro Santana Lopes, a indiqué à l'AFP le porte-parole du chef de la diplomatie.
Le "Borndiep", aménagé en clinique flottante à l'initiative de l'Association Women on Waves (Femmes sur les vagues) qui milite pour la liberté d'avorter, s'est vu refuser l'autorisation d'accoster au Portugal.
Justifiant cette interdiction par la nécessité de faire respecter ses lois, le gouvernement avait dépêché dimanche deux bâtiments militaires pour surveiller le "Borndiep".
Toutefois le "Borndiep", ballotté par une forte houle, pourrait être contraint de rejoindre un port. Selon le capitaine Ferreira Gomes, qui commande un bateau chargé du ravitaillement du "Borndiep", l'équipe commence à manquer de mazout et de vivres à bord. Les réserves d'eau potable commencent également à s'épuiser, selon l'équipe de bénévoles à bord.
Women on Waves, qui a rencontré des députés de droite dans la ville de Figueira da Foz, à leur invitation, afin de débattre la question de l'avortement, a réaffirmé sa détermination à accoster et à rester en mer aussi longtemps qu'il le faudrait.
Le Premier ministre s'était dit ouvert mercredi à un débat sur l'avortement. "Ni les sociétés, ni les lois, ni les referendums ne sont figés", avait-il déclaré, laissant entendre que cette question pourrait être débattue après la rentrée parlementaire.
De son côté le parlement portugais a indiqué qu'il allait lancer en octobre une étude sur l'avortement clandestin, l'éducation sexuelle et le planning familial au Portugal.
En mars dernier, le parlement avait rejeté les projets de loi et les propositions de référendum sur une dépénalisation de l'avortement présentés par les quatre partis de gauche (opposition).
Le Parti social-démocrate (PSD, centre-droit), la principale formation gouvernementale, ne veut pas remettre en cause la législation ni organiser de nouveau référendum avant la fin de la législature en 2006 afin de respecter le pacte gouvernemental conclu avec le Parti Populaire (CDS/PP, droite), hostile à tout assouplissement.
L'IVG est interdite au Portugal sauf en cas de danger pour la mère, de malformation du foetus ou de violences sexuelles. En 1998 les Portugais avaient rejeté à 50,9% une proposition de dépénalisation de l'avortement jusqu'à 10 semaines de grossesse lors d'un referendum marqué par une très faible participation.
Source: AFP 02/09/2004
Les élections pourraient ouvrir la voie à un assouplissement de l'avortement
Par Lévi FERNANDES
Les législatives anticipées pourraient ouvrir la voie à une dépénalisation de l'avortement au Portugal plus tôt que prévu, si l'opposition socialiste, à laquelle les sondages prédisent la victoire, remporte les élections le 20 février prochain.
José Socrates, secrétaire général du Parti Socialiste (PS) et futur premier ministre en cas de victoire, s'est engagé à organiser un référendum, sans définir dans quels délais, afin de modifier la loi sur l'avortement, l'une des plus répressives d'Europe.
Cette consultation "portera sur la même loi qui avait déjà été soumise à un référendum" en 1998, a-t-il déclaré lors d'un débat télévisé avec son adversaire politique, le Premier ministre de centre droit Pedro Santana Lopes.
Les Portugais avaient alors rejeté par 50,9% une dépénalisation de l'avortement jusqu'à 10 semaines sur simple demande de la femme, lors d'une consultation marquée par un faible taux de participation (32%). Mais, selon de récents sondages, ils sont aujourd'hui majoritairement favorables à un assouplissement de la loi.
De son côté, le Premier ministre, candidat à sa propre reconduction, a déjà fait savoir que son parti ne prendrait pas "l'initiative d'un référendum" mais ne s'opposerait pas à sa tenue éventuelle.
Le Parti social démocrate (PSD, centre droit), principal parti au pouvoir, avait signé en 2002 un accord avec le Parti Populaire (CDS/PP, droite), son partenaire du gouvernement, excluant toute libéralisation de la législation sur l'avortement au Portugal.
La position du CDS/PP sur cette matière n'a guère évolué. Pour son président Paulo Portas, le Portugal "a été en avance sur son temps lorsqu'il a aboli la peine de mort" mais aussi quand "il n'a pas autorisé la dépénalisation de l'avortement".
Dans ce pays très catholique, un curé d'une église lisboète a créé la surprise, en début de campagne, en appelant les fidèles, lors d'une messe retransmise sur la radio publique, à ne pas voter pour les partis dont les programmes défendent notamment l'avortement.
"Un chrétien ne doit pas cautionner, par le vote, une éthique qui ne soit pas digne de lui, par exemple sur la vie. Avortement jamais, euthanasie jamais", avait-il déclaré dans son homélie.
La Conférence épiscopale a cependant refusé d'alimenter la polémique en commentant ses propos. Les responsables catholiques avaient appelé les fidèles, en décembre dernier, à analyser les différents programmes politiques et à voter de manière responsable, en accord avec les principes de l'Eglise.
L'interruption volontaire de grossesse n'est autorisée au Portugal qu'en cas de danger pour la vie de la mère, ou, dans certains délais, de risques pour sa santé physique ou psychique, de malformation congénitale du foetus ou de violences sexuelles.
Les avortements clandestins sont passibles de peines de prison pouvant aller jusqu'à trois ans.
Le nombre d'avortement clandestins est estimé entre 20.000 et 40.000 chaque année, tandis que près de 9.000 femmes se rendent en Espagne pour avorter, selon le Mouvement démocratique des femmes (MDM), une association féministe pro-dépénalisation.
A l'exception du Bloc de Gauche (BE, extrême gauche), aucun parti n'a cependant axé sa campagne sur les questions de société comme l'avortement, le mariage homosexuel ou l'adoption d'enfants par des couples de même sexe.
"Le Bloc peut s'emparer de ces thèmes, mais les autres partis sont divisés", estime le commentateur politique de la radio catholique Renascença Francisco Sarsfield Cabral, relevant que plusieurs têtes de liste socialistes sont hostiles à l'avortement.
Source: AFP - 15/02/2005
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