Astérix au service du mirandais, une langue du nord du Portugal
Par Lévi FERNANDES
Astérix, dont les aventures viennent d'être traduites et publiées en mirandais, a mis sa notoriété au service de cette langue régionale parlée par une poignée d'habitants du nord-est du Portugal.
"Comme le petit village gaulois d'Astérix qui résistait face à l'empire romain, le mirandais lutte pour résister dans un monde globalisé qui tend à s'uniformiser", souligne d'un air amusé Amadeu Ferreira, traducteur d'"Astérix, le Gaulois", le premier livre de la série.
"C'est symbolique bien sûr!", explique-t-il à l'AFP. "Mais, il est intéressant de remarquer que les plus petits ne doivent pas forcément se taire, se soumettre, s'effacer ou disparaître. Ils peuvent lutter pour s'affirmer", proclame ce professeur d'université, président d'une association luttant pour la défense du mirandais.
"Astérix L Gaulés" est sorti jeudi à Lisbonne en mirandais près de 40 ans après avoir été publié pour la première fois en portugais. La bande dessinée créée par Albert Uderzo et René Goscinny sera tirée à près de 4.000 exemplaires.
Cette initiative s'inscrit dans un projet plus vaste qui consiste à traduire la BD dans le plus grand nombre de langues étrangères possible, a expliqué Maria José Pereira, responsable de la maison d'édition portugaise Asa.
Devenu la seconde langue officielle du Portugal en 1999, le mirandais est parlée par un peu plus de 10.000 personnes dans les villages de la municipalité de Miranda de Douro, non loin de la frontière espagnole, et par environ 5.000 autres locuteurs à travers le monde.
Cette langue latine, apparue peu après la chute de l'empire romain, en même temps que le portugais ou le castillan, est un mélange de léonais, parlée aujourd'hui encore dans les Asturies (nord de l'Espagne), et de portugais.
La traduction de cet album en mirandais est un pas important pour la reconnaissance de cette langue en perte de vitesse.
"Des initiatives comme celle-ci permettent au mirandais, qui a beaucoup de mal à sortir de l'anonymat, de se faire connaître", fait valoir M. Ferreira. "Le livre sera par exemple exposé à Bruxelles le mois prochain à l'occasion de la sortie du 33e album" des aventures d'Astérix.
L'étude et l'enseignement de cette langue, qui dérive du léonais parlé dans le royaume de Léon au XIIe siècle, se sont considérablement renforcés depuis sa reconnaissance officielle par le gouvernement portugais.
Une moyenne de cinq à six livres en mirandais sont publiés tous les ans, tandis que plusieurs titres de la presse locale et régionale consacrent une partie de leurs publications à des articles en mirandais.
Si le mirandais n'a jamais été directement combattu par le pouvoir politique, comme le fut le catalan en Espagne sous la dictature de Franco, cet idiome a subi de nombreuses attaques indirectes au fil des siècles.
"Le pouvoir central n'a jamais vu le mirandais comme une menace, car les habitants de la région n'ont jamais remis en cause leur intégration au Portugal. Bien au contraire, au fil des crises entre l'Espagne et le Portugal, ils ont toujours pris parti pour le royaume du Portugal", explique M. Ferreira.
Mais l'obligation de communiquer en portugais dans les administrations ou à l'église, a contribué à affaiblir le mirandais et à le faire assimiler par les habitants de la région à un dialecte archaïque du portugais.
"Ceci est complètement faux", lance M. Ferreira. "Aujourd'hui, nous cherchons à nous affirmer comme le faisait Astérix avec intelligence et humour. Nous n'avons pas de potion magique comme lui, mais nous n'avons pas besoin de recourir à la force pour cela", conclut M. Ferreira.
Source: AFP - 15/09/2005
A lire aussi: http://vorige.nrc.nl/krant/article1637770.ece/Asterix_au_service_du_mirandais,_une_langue_du_nord_du_Portugal
Adventures of Asterix hit Portuguese bookstores in rare language
by Levi Fernandes
The adventures of Asterix and Obelix, the Gallic warriors loved by comic book fans worldwide, have been published for the first time in Portugal in the nation's little-spoken second official language.
Publishers printed 4,000 copies of "Asterix the Gaul" in Mirandes, a language spoken by some 10,000 mostly rural people in the northeastern province of Tras-os-Montes, nearly four decades after the book first appeared in Portuguese.
The French publishers of the Asterix comics, Editeurs Albert Rene, said that cultural considerations instead of economics were behind the decision to translate the book into the language.
"Asterix is a popular hero who touches all cultures and who understands small regional cultures," a representative of the firm, Ainara Ipas, told AFP at the launch of the book in Lisbon on Thursday.
Since the beginning of the 1960s more than 200 million Asterix books, the creation of writer Rene Goscinny and illustrator Albert Uderzo, have been printed in over 100 languages and regional dialects.
In the comic book series the diminutive Asterix and his rotund pal Obelix successfully ensure, with the aid of a magic potion, that their village is the only one in the region of Gaul not to be conquered by the powerful Roman army.
Defenders of Mirandes hope the new book will help raise the profile of the language and spark interest in learning to speak and write it.
And they see parallels between the struggle by the comic book heroes to defend their tiny village from a powerful enemy and their efforts to ensure the survival of a language spoken only in a small corner of Portugal.
"Like the Gaulic village in the Asterix series which resisted the Roman empire, Mirandes fights to survive in a globalized world which tends to become uniform," said Amadeu Ferreira who translated the book, the first in the series of over 30 books, into Mirandes.
"It shows that smaller people do not necessarily have to be silent, to submit, to fade away or disappear," the university professor and president of an association which fights to protect the language told AFP.
Portugal's parliament officially recognized Mirandes, a remnant of the language spoken in the ancient Kingdom of Leon in what is now northern Spain, in 1999.
The move helped boost the study and use of Mirandes, which has been a distinct language at least since the formation of Portugal in the 12th century.
Schools in the Miranda do Douro region of northeastern Portugal teach the language and each year an average of six books are published in Mirandes.
Unlike in neighbouring Spain where the authorities under the dictatorship of General Francisco Franco sought to quash all languages other than Castilian, in Portugal Mirandes has been spared official attempts to eradicate it.
"The central authorities never viewed Mirandes as a threat because the inhabitants of the region where it is spoken never questioned their integration into Portugal," said Ferreira.
But the obligation to speak Portuguese with public officials, or even in church, has weakened Mirandes and created the false idea that it just a dialect of Portuguese spoken in a poor, undeveloped region, he added.
"Today we seek to affirm ourselves, as did little Asterix, with humour and intelligence. We don't have a magic potion like he did, but we don't need to resort to that," Ferreira said.
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