Les actionnaires de Portugal Telecom font échouer l'OPA lancée par Sonaecom
Par Levi FERNANDES
Les actionnaires de Portugal Telecom (PT) ont refusé vendredi de changer les statuts du groupe au cours d'une assemblée générale extraordinaire, et ont ainsi fait échouer l'OPA lancée par Sonaecom, qui avait fait de ce "déblindage" une condition pour la poursuite de l'offre.
"C'est avec le plus grand plaisir que je vous annonce (...) que l'OPA est morte", a déclaré Henrique Granadeiro, pdg de PT, lors d'un point de presse à l'issue de l'assemblée générale.
Le changement des statuts de l'opérateur historique a été rejeté par 46,58% des votes, tandis que 43,9% ont voté pour et 9,52% se sont abstenus.
Au cours de cette assemblée, étaient représentés 67% du capital. Pour être validé, le changement des statuts de PT devait être approuvé par au moins 44,7% des votes.
Les statuts actuels de l'opérateur empêchent un actionnaire d'avoir plus de 1O% des droits de vote indépendamment de sa part de capital.
Les actionnaires ont ainsi décidé de suivre les recommandations de la direction de PT, qui leur avait demandé de rejeter la nouvelle offre relevée de Sonaecom, la filiale médias et internet du groupe diversifié Sonae appartenant à l'homme d'affaires portugais Belmiro de Azevedo, la jugeant toujours sous-évaluée.
Sonaecom avait revu son offre sur PT à la hausse, de 9,50 euros, proposés il y a près d'un an, à 10,50 euros par titre le 15 février dernier, précisant qu'il s'agissait de sa dernière proposition. Cette offre lancée sur la totalité du capital de PT et de sa branche PT Multimedia, valorisait l'ensemble à près de 17 milliards d'euros.
Pour contrer l'OPA, la direction de l'opérateur de télécommunications s'était engagé de son côté à distribuer, si l'OPA échouait, environ 6,2 milliards d'euros d'ici 2009, grâce à des dividendes et un programme de rachat d'actions.
Sonaecom avait réagi dans un dernier sursaut cette semaine encore en proposant de distribuer 5,7 milliards d'euros en dividendes jusqu'en 2010, mais n'est pas parvenu à convaincre la majorité des actionnaires.
Le groupe du nord du Portugal avait pourtant passé avec succès en décembre dernier, l'examen de l'Autorité de la Concurrence (AdC).
L'entité de régulation avait donné son accord à ce rapprochement, estimant que cette fusion pourrait entraîner une baisse des prix dans le secteur des télécommunications, de l'ordre de 14%, et accroître la qualité des services sans pour autant empêcher les "autres opérateurs de continuer d'exister".
Le ministre des Travaux publics, des Transports et des communications a indiqué au cours d'une allocution retransmise par les médias à l'heure des journaux télévisés que l'Etat, qui détient des actions préférentielles dans PT lui donnant un droit de veto sur les actes majeurs de la vie de l'entreprise, avait décidé d'adopter une position "neutre" dans cette opération afin de laisser "le marché agir normalement".
Il a rappelé que l'Etat était déterminé "dans l'intérêt du consommateur" à faire respecter l'une des impositions de l'Autorité de la Concurrence qui avait demandé à PT de se séparer soit de son réseau de téléphonie fixe, soit de son réseau câblé.
Portugal Telecom, côté en Bourse depuis 11 ans, compte près de 40 millions de clients sur quatre continents.
Le président de PT s'est félicité de ce succès qu'il a interprété comme un "vote de confiance" et le "soutien clair des actionnaires" à l'égard de l'actuelle direction, mais aussi la responsabilité de continuer de "développer le groupe de télécommunications".
Source: AFP - 02/03/2007
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