Le Portugal privatise à tout-va pour réduire sa dette
Par Lévi FERNANDES
Sommé de réduire ses déficits, le Portugal a annoncé mardi un vaste plan de privatisations, dans les transports, l'énergie, les assurances ou la poste, qui devrait limiter l'aggravation de sa dette publique sans toutefois la réduire de manière significative.
D'ici 2013, l'Etat prévoit de se désengager totalement ou partiellement de 17 entreprises, ce qui devrait lui permettre d'encaisser six milliards d'euros, dont 1,2 milliard cette année représentant 0,73% du PIB national.
Selon les dernières prévisions du gouvernement, la dette publique devrait atteindre 86% du PIB en 2010, soit plus de 142 milliards d'euros, et s'alourdir jusqu'en 2012 (90,7% du PIB), avant d'amorcer une légère réduction en 2013 à 89,8% du PIB. Le pacte de stabilité européen fixe théoriquement la limite de l'endettement des pays de la zone euro à 60% du PIB.
"Les objectifs de recette sont ambitieux. Cela signifie que l'Etat va vendre quasiment tout ce qui vaut de l'argent. Six milliards d'euros, ce sont les bagues, les doigts, les mains", a commenté le directeur du Jornal de Negocios, Pedro Santos Guerreiro.
Parmi les entreprises citées dans le programme de stabilité et de croissance 2010-2013, rendu public mardi, le gouvernement socialiste prévoit notamment de céder ses participations dans Galp Energia (8%), Energias de Portugal (25,73%), ou encore dans REN, le gestionnaire du réseau électrique portugais (51,08%) et le distributeur européen de papier Inapa.
Il a également annoncé la privatisation du secteur fret de la compagnie nationale de chemins de fer (CP Cargo) ainsi que la cession d'une partie des activités assurance de la banque publique Caixa Geral de Depositos (CGD).
Sans communiquer de calendrier précis, le gouvernement a également prévu l'ouverture du capital de CTT, la poste portugaise, et de la compagnie aérienne TAP Portugal, précisant que ces entreprises pourraient "faire l'objet d'une privatisation" ultérieure.
"Nous travaillons sur divers fronts pour pouvoir concrétiser ces opérations le plus tôt possible", a déclaré mardi le ministre des Finances Fernando Texeira dos Santos. Le gouvernement, a-t-il toutefois souligné, sera "évidemment attentif à la situation des marchés afin de réaliser ces opérations dans des conditions qui soient favorables".
Parmi les entreprises qui seront privatisées en premier, le ministre a cité la BPN, une banque d'investissement nationalisée en pleine crise financière, ainsi que l'Ana, le gestionnaire des aéroports du Portugal.
Le programme de stabilité et de croissance, qui doit permettre au gouvernement portugais de ramener son déficit public de 8,3% du PIB en 2010 à 2,8% en 2013, doit encore être débattu le 25 mars au parlement avant d'être transmis à la Commission européenne.
Outre les recettes provenant des privatisations, ce plan quadriennal est axé sur une réduction drastique des dépenses, avec un gel des salaires de la fonction publique sur quatre ans ainsi qu'un plafonnement des aides sociales. Il prévoit également une hausse de l'impôt sur les plus hauts revenus, une taxe sur les plus-values boursières, la suppression de bénéfices fiscaux et le report d'investissements publics.
Lundi, le président de la Commission européenne José Manuel Barroso avait qualifié le plan portugais d'"ambitieux" et "crédible". De son côté, le chef de file des ministres des Finances de la zone euro, Jean-Claude Juncker, cité mardi dans la presse portugaise, a salué des "mesures courageuses".
Source: AFP - 16/03/2010
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