lundi 20 janvier 2014

Le paléolitique au Portugal s'enrichit de nouvelles gravures rupestres (2003)

   Le paléolitique au Portugal s'enrichit de nouvelles gravures rupestres
   Par Lévi FERNANDES
 
   La découverte récente de nouvelles gravures rupestres dans le bassin du Tage, au centre du Portugal, beaucoup plus anciennes que celles connues jusqu'alors dans cette région, devrait apporter un nouvel éclairage sur la préhistoire de la péninsule ibérique.
   En juin dernier, deux photographes en reportage sur les marges de la rivière Zezere (centre), un affluent du Tage, s'arrêtent en fin d'après-midi pour faire une pause. Tout à coup le regard de l'un d'eux est attiré par le relief particulier d'une surface rocheuse.
   Sur les parois de ces roches en schiste situées à flanc de vallée, il distingue des gravures représentant des chevaux.
   Alors que la vallée du Tage est connue depuis le début des années 70 par les archéologues pour ses gravures datant du néolithique (5-6.000 ans av J.C.), les premières analyses semblent indiquer que ces vestiges sont beaucoup plus anciens.
   D'après Antonio Martinho Baptista, directeur du Centre national d'art rupestre, ces gravures appartiennent à la civilisation magdalénienne, dernière période du paléolithique en Europe (-40.000 à 15.000 av. J.C. environ).
   La mise au jour de ces deux roches laisse supposer selon lui que l'homo sapiens du paléolithique serait descendu beaucoup au sud qu'on ne l'imaginait. Cette trouvaille "ouvre de nouvelles perspectives aux archéologues en Europe", a-t-il indiqué à l'AFP.
   La très grande majorité des gravures rupestres du paléolithique recensées au Portugal sont en effet concentrées dans la vallée du Coa (nord-est), l'autre grand site préhistorique, riche de quelque 3.000 roches gravées. Sa découverte en 1994 avait conduit à l'arrêt de la construction d'un grand barrage afin d'éviter de les submerger.
   Nous espérons "en apprendre davantage sur l'expansion des hommes préhistoriques et leur art dans les régions de l'intérieur de la péninsule", a indiqué M. Baptista.
   Ces nouveaux éléments devraient faire avancer la connaissance archéologique de la péninsule ibérique en général, permettant d'envisager de nouvelles campagnes de fouilles et de poursuivre l'inventaire des différents groupes de gravures.
   "La vallée du Coa a été une découverte clé pour conclure que l'homme du paléolithique avait également réalisé de nombreuses gravures et probablement des peintures en extérieur", a expliqué M. Baptista.
   "Pendant très longtemps, les seuls témoignages d'art paléolithique dont nous disposions se trouvaient dans des grottes, notamment en France et en Espagne", a-t-il ajouté.
   Dans la vallée du Tage, quelque 40.000 gravures rupestres de la période néolitique ont déjà été relevées sur une étendue de près de 40 kilomètres, qui va du barrage de Cedillo en Espagne jusqu'à la ville de Fratel dans le Haut Alentejo.
   Selon M. Baptista, le climat clément et la nourriture abondante ont attiré pendant des milliers d'années les chasseurs nomades qui y installaient leurs campements d'été.
     Pour mettre en valeur et surtout préserver cet important patrimoine historique, un centre d'étude consacré à l'interprétation de l'art rupestre de la vallée du Tage va voir le jour dans cette région avant la fin de l'année.
   Contrairement à la vallée du Coa, le sanctuaire des marges du Tage n'a pas été épargné par les eaux, qui menacent la préservation de ces pièces rares. En 1974, la construction d'un barrage avait inondé de nombreuses gravures préhistoriques. Or le schiste est particulièrement sensible aux différences thermiques provoquées par la montée et la descente du niveau des eaux.

Source: AFP - 26/09/2003

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