Des centaines de personnes pour un dernier adieu à Alvaro Cunhal
Par Lévi FERNANDES
Des centaines de militants et de sympathisants du Parti Communiste Portugais (PCP) se sont rassemblés mercredi 15 juin 2005 au centre de Lisbonne pour un dernier hommage à l'ancien dirigeant du parti Alvaro Cunhal, symbole de la résistance à la dictature salazariste.
"Personne n'aurait fait ce qu'il a fait", lance Manuel Alejo Caetano, 82 ans, assis sur un banc de l'avenue de la Liberté, où il avale quelques "petiscos" (amuse-gueules portugais) avec un ami, après un long voyage en car depuis la ville d'Avis, dans l'Alentejo (sud), bastion traditionnel des communistes.
"C'était l'homme le plus intelligent et courageux du Portugal et de l'Europe", renchérit cet homme qui se reconnaît dans la lutte contre la dictature salazariste d'Alvaro Cunhal, resté très populaire dans les milieux ouvriers et parmi les salariés agricoles du sud.
Le Portugal a décrété une journée de deuil national après le décès lundi à l'âge de 91 ans d'Alvaro Cunhal, qui a marqué les Portugais tant par son opposition résolue à la dictature salazariste que par son parcours politique. Il est resté communiste stalinien orthodoxe jusqu'au bout, dirigeant d'une main de fer pendant 31 ans le Parti communiste portugais jusqu'en 1992.
Arrêté à plusieurs reprises par la redoutable police politique, la PIDE, M. Cunhal a été condamné en 1949 à une longue peine de prison, dont huit ans en cellule d'isolement.
"Vous savez moi aussi j'ai été arrêté en 1961 par la PIDE. Je suis resté en prison cinq années, cinq mois et vingt-cinq jours exactement", raconte Manuel Alejo à l'AFP.
"Il a pas mal d'histoires à vous raconter sur son passé de résistant", déclare son ami, Joao Nunes, 65 ans, arborant un oeillet rouge à la boutonnière, symbole de la révolution du 25 avril 1974 qui a renversé il y a 31 ans le plus ancien régime dictatorial d'Europe occidentale.
Devant le bâtiment "Vitoria" du PCP, situé sur la principale artère de la capitale, des centaines de personnes défilaient devant le cercueil d'Alvaro Cunhal et signaient l'un des livres de condoléances. "Até sempre camarada!" (à jamais camarade), pouvait-on lire notamment.
"Vive le PCP!", scandaient des centaines de personnes contenues derrière des barrières dans l'avenue qui sera coupée pour les obsèques prévues en milieu de l'après-midi.
Outre le président Jorge Sampaio, le Premier ministre José Socrates et l'ancien président socialiste Mario Soares, Eusebio, la légende vivante du football lusitanien, ont tenu à rendre un dernier hommage à l'ancien dirigeant communiste.
Pour les générations les plus jeunes, qui ont moins bien connu Alvaro Cunhal, une page d'histoire se tourne.
"Je ne suis pas militant, mais mon grand-père à combattu à ses côtés. Et moi je tenais à être là pour montrer à mes filles quel grand homme c'était", explique Américo Gil, 40 ans, un appareil photo à la main.
"C'était un homme important", poursuit sa collègue de travail Miriam, 27 ans, qui avoue ne pas bien connaître son parcours.
Alvaro Cunhal devait être incinéré au cours d'une cérémonie très simple. L'ancien responsable communiste, connu pour son ascétisme, n'a souhaité aucun discours.
Source: AFP 15/06/2005
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