Quitter l'euro pour sortir de la crise, préconise un économiste portugais (ENTRETIEN)
Par Levi FERNANDES
"Tôt ou tard, le Portugal sera confronté à sa sortie de l'euro. C'est inévitable!", affirme un économiste portugais dans un livre à succès qui répond de manière iconoclaste aux craintes de ses compatriotes que leur pays, sous assistance financière, ne puisse jamais sortir de la crise.
Joao Ferreira do Amaral en est persuadé : pour sortir de la crise il suffit de sortir de l'euro comme il l'expose dans "Pourquoi devons nous quitter l'euro" (Porque devemos sair do Euro), paru en avril et qui, vendu en un mois à 8.000 exemplaires, figure parmi les meilleures ventes au Portugal.
"Cette sortie devra se faire quand la zone euro sera stabilisée, dans deux ou trois ans" et de "manière ordonnée", a-t-il expliqué dans un entretien à l'Afp.
Le retour à l'escudo, la monnaie nationale, doit être annoncée, selon lui, en concertation "avec les gouvernements européens, Bruxelles et la Banque centrale européenne qui continuerait dans un premier temps à financer les banques portugaises".
Au Portugal, la notoriété de Joao Ferreira do Amaral est déjà ancienne. Elle remonte aux années 90 quand l'économiste, ex-conseiller du président socialiste Mario Soares, s'était opposé à l'entrée du pays dans la zone euro, réalisée début 1999 après son intégration à l'UE en 1986.
"Je voyais déjà que l'économie portugaise serait inévitablement affectée par l'adhésion à cette monnaie", assure cet ancien professeur d'économie de 65 ans, aujourd'hui à la retraite, après avoir enseigné dans plusieurs universités portugaises.
En approuvant l'entrée dans la zone euro, "sans référendum", le parlement "renonçait à un instrument essentiel de son autonomie politique: l'émission monétaire", précise l'économiste dans son ouvrage.
"L'euro est une monnaie forte. Or, notre structure économique est peu compétitive. Dans ces conditions, l'économie ne peut pas croître. Et depuis que nous avons adopté l'euro, cette monnaie n'a eu de cesse de se valoriser", a-t-il ajouté.
D'après lui, ces conséquences négatives se sont accentuées depuis que le pays bénéficie d'un programme d'assistance financière de l'Union européenne et du Fonds monétaire international en échange d'un programme de rigueur draconien destiné à assainir ses finances.
Mais cette cure d'austérité, appliquée depuis deux ans, a aggravé la récession et fait exploser le chômage qui avoisine le taux record de 18%.
"Nous avons atteint la limite de l'austérité pour équilibrer nos finances publiques", affirme l'économiste. D'où, selon lui, le dilemme du gouvernement de centre-droit : "S'il augmente les impôts, les recettes diminuent. S'il coupe dans les dépenses publiques, la récession s'aggrave et les déficits se creusent", résume-t-il.
Pour assainir ses finances et relancer l'économie, "le pays a besoin d'investissements. Le meilleur moyen d'encourager les investisseurs est de dévaluer la monnaie", poursuit-il.
Conscient qu'une sortie de l'euro pourrait provoquer une "hausse de l'inflation", l'économiste n'y voit pas que des inconvénients. "L'inflation ne veut pas forcément dire un recul de niveau de vie... Elle serait alors compensée par la croissance", observe-t-il.
Les créanciers du Portugal gagneraient également à ce qu'il quitte la zone euro, car "si le pays commence à croître, il sera en mesure de dégager plus de recettes fiscales" et "pourra rembourser plus rapidement sa dette", qui devrait atteindre les 132% du PIB en 2014, selon les dernières estimations de l'OCDE.
Même s'il reconnaît aller pour le moment à contre-courant, M. Ferreira do Amaral note avec satisfaction que son ouvrage a reçu un accueil "positif" même si, selon les sondages, une large majorité de Portugais restent encore attachés à la monnaie unique.
"On voit bien qu'il y a aujourd'hui une plus grande ouverture pour débattre de cette question. C'est la fin d'un tabou et pas seulement au Portugal!", conclut-il.
Source: 01/06/2013
A lire:
http://www.leparisien.fr/flash-actualite-economie/quitter-l-euro-pour-sortir-de-la-crise-preconise-un-economiste-portugais-01-06-2013-2856657.php
http://www.webmanagercenter.com/actualite/international/2013/06/01/135568/quitter-l-euro-pour-sortir-de-la-crise-preconise-un-economiste-portugais
http://fr.finance.yahoo.com/actualites/quitter-leuro-sortir-crise-pr%C3%A9conise-%C3%A9conomiste-portugais-071824029.html
Portugal 'should leave euro': best-selling economist
by Levi FERNANDES
A Portuguese economist, whose book "Why We Should Leave the Euro" has become a rapid best-seller, says it is only a matter of time until his crisis-wracked country leaves the troubled currency.
"Sooner or later, Portugal will be faced with an exit from the euro. It is inevitable," Joao Ferreira do Amaral told AFP in an interview.
His book, which hit the stands in April, has flown off the shelves and is now one of the best-selling books in Portugal, as the euro crisis cripples growth and pushes up unemployment.
"This exit should happen when the eurozone is stabilised, in two or three years" and should take place "in an orderly fashion," he said.
He said the country should return to its old currency, the escudo, in coordination with "European governments, Brussels and the European Central Bank, which should continue to finance Portuguese banks initially."
Joao Ferreira do Amaral is already a well-known economist in the country, having argued against the adoption of the euro in 1999 after Portugal joined the European Union in 1986.
"I saw that the Portuguese economy would be inevitably affected by joining this currency," said the 65-year-old, now retired after teaching at several universities in the country.
In his book, he attacks the Portuguese parliament for approving the adoption of the euro "without a referendum" and by so doing, "giving up an essential instrument of its political autonomy: printing money."
"The euro is a strong currency. But our economic structure is not very competitive. In these conditions, the economy cannot grow," he judged.
The situation has gotten worse, according to the economist, since Portugal submitted to an international financial assistance programme worth 78-billion-euro ($101 bn) in exchange for drastic austerity measures to clean up its public finances.
Many blame the programme, demanded by the European Union, European Central Bank and International Monetary Fund, for making the recession worse and pushing up unemployment to 18 percent.
"We have reached the limit" of what austerity can achieve in terms of improving the public finances, he said.
The government is now in a bind: "If it raises taxes, its revenue will drop. If it cuts public services, the recession will get worse and the deficit will deepen."
For the economist, the path to salvation is clear: investment and devaluation.
"The country needs investment. The best way to encourage investors is to devalue the currency," he said.
The inflationary dangers that would likely arise from such a move would not be all bad, he judged.
"Inflation does not necessarily mean a drop in living standards ... it would be compensated by growth," he predicted.
Creditor countries would also likely be paid off quicker, as Portugal would be in a better position to pay off its debt, expected to hit 132 percent of economic output next year, according to the OECD.
Ferreira do Amaral acknowledged that he is swimming against the tide of public opinion for the moment, with a broad majority of Portuguese in favour of keeping the euro.
But he noted with satisfaction that his book has enjoyed a "positive" reception and says that his view is starting to gain ground across the crisis-battered 17-country eurozone.
"You can see that there is a greater openness to debate this question.
"A taboo has been broken and not just here in Portugal."
Source: 04/06/2013 - AFP
A lire: http://www.theguardian.com/world/2013/jun/04/portuguese-bestseller-leave-euro-eurosceptic
http://en.tengrinews.kz/markets/Portugal-should-leave-euro-best-selling-economist--19938/
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