jeudi 26 décembre 2013

Les Portugais votent avec peu d'espoirs et encore moins d'illusions (2011)

  Les Portugais votent avec peu d'espoirs et encore moins d'illusions 
  Par Lévi FERNANDES
  
  "Ca va être dur mais on n'a pas le choix", "l'austérité est inévitable": les Portugais votaient dimanche avec peu d'espoirs et encore moins d'illusions, conscients que, quel que soit le vainqueur des législatives, le "pire" pour eux reste à venir.
   "J'aime beaucoup notre Premier ministre mais là, ma patience est à bout, confiait dimanche matin Custodio Colaço, un retraité de 65 ans résidant à Alamada, une banlieue ouvrière du sud de Lisbonne.
   "Il faut que ça change. Je pense qu'il va falloir passer par un moment dur mais c'est comme ça. On n'a pas le choix", ajoutait cet homme, casquette vissée sur la tête pour se protéger du soleil, à la sortie de son bureau de vote situé au pied d'une barre d'immeubles de cette cité-dortoir communiste.
   Comme M. Colaço, la plupart des électeurs, interrogés par l'AFP dimanche, se disaient convaincus de la nécessité des mesures d'austérité, semblant résignés à de nouveaux sacrifices.
   "Ca n'allait pas bien pour nous et j'ai le sentiment que les choses vont empirer. Mais je veux sanctionner le parti au pouvoir qui nous a mis dans cette situation", explique Maria Margarida, 57 ans.
   Selon un sondage publié en milieu de semaine, plus des trois quarts des Portugais pensent que la situation du pays sera "identique" ou "pire" dans un an.
   "J'ai peur", avoue Maria da Conceiçao Miguel. "J'ai une petite retraite, un loyer à payer, et tout ça me fait peur. Déjà que ça n'allait pas bien, maintenant ça va être encore pire", dit la vieille dame, serrant son sac à main sous son bras.
   A côté d'elle, Torval Faria, 55 ans, juge que "les mesures d'austérité sont inévitables. Il suffit de voir les autres pays qui ont demandé l'aide du FMI pour comprendre que c'est inévitable", dit-il.
   Loin d'Almada et de ses tours, le ton n'est pas différent au palais Galveias, riche bâtisse du XVII siècle transformée en bibliothèque municipale et qui fait office de bureau de vote.
   "Je n'attends pas grand chose de ces élections, déclare David, un professeur d'informatique de 44 ans. La marge de manoeuvre du prochain gouvernement est très étroite et ça n'a pas été facile de choisir".
   "Ce que j'attends c'est du sérieux et du courage pour affronter les problèmes du pays. Les prochaines années vont être difficiles et l'austérité n'est probablement pas la solution, mais quelle est l'alternative?", demande-t-il.
   Dans ce quartier bourgeois des Avenidas Novas, les électeurs sont nombreux et doivent même faire la queue pour voter.
   "J'ai voté PS avec d'énormes problèmes de conscience", reconnaît Alexandra, 30 ans. "Je ne suis pas satisfaite du gouvernement mais j'ai peur de la droite qui veut déresponsabiliser l'Etat, privatiser la santé, l'éducation, la culture...", explique la jeune femme, chercheur à l'université.
   Médecin du service public, Joao rappelle qu'il "souffre déjà de l'austérité, comme tous les fonctionnaires". "Tout ce que j'espère, c'est que le prochain gouvernement fera un meilleur travail que l'actuel. De toute façon, on ne peut rien changer à l'accord du FMI. C'est comme ça", conclut le jeune homme en short et tongs.
   "Nous étions déjà dans l'austérité mais ce sera pire avec le FMI qui est entré au Portugal sans l'accord du peuple", tempête un quinquagénaire. "Ce sont les travailleurs qui vont trinquer!", prévient-il.
 
Source: 05/06/2011/

   Portugal: Passos Coelho présente son programme de rigueur au parlement
   Par Lévi FERNANDES

   Le gouvernement portugais présente jeudi au parlement un programme qui se veut "plus ambitieux" que le plan d'aide de l'UE et du FMI, et pourrait annoncer des mesures de rigueur supplémentaires "à caractère extraordinaire" afin de respecter son objectif budgétaire pour 2011.
   Le débat s'ouvrira jeudi à 15H00 locales (14H00 GMT) par un discours du nouveau Premier ministre de centre-droit Pedro Passos Coelho, qui "aura la préoccupation de garantir que les objectifs du programme d'ajustement seront respectés", a indiqué son cabinet.
   "Cela impliquera l'anticipation de certaines mesures prévues par l'accord et éventuellement l'adoption de mesures à caractère extraordinaire", a précisé cette source.
   Selon la presse, le gouvernement de coalition de droite pourrait annoncer un "impôt extraordinaire sur le revenu" pour cette année et augmenter dès juillet la TVA sur certains produits et services.
   D'après le texte du programme remis mardi au parlement, le nouveau gouvernement promet d'être "plus ambitieux dans le processus d'ajustement de l'économie" que le plan d'aide international, afin de se "prémunir contre d'éventuels risques externes et internes" et "restaurer la confiance" des marchés.
   En échange d'un prêt de 78 milliards d'euros, le Portugal s'est engagé à mettre en oeuvre un exigeant programme de rigueur et de réformes sur trois ans négocié par le précédent gouvernement socialiste, battu lors des élections législatives anticipées du 5 juin.
   Cette nouvelle cure d'austérité doit permettre au Portugal, troisième pays de la zone euro à faire appel à une aide extérieure après la Grèce et l'Irlande l'an dernier, de ramener son déficit public de 9,1% du PIB en 2010 à 5,9% cette année, puis à 3% en 2013.
   D'après les médias, le nouveau gouvernement souhaite éviter un "dérapage" des finances publiques, dont le déficit budgétaire sur douze mois s'élevait encore à 8,7% du PIB fin mars, selon des données provisoires publiées mercredi par l'Institut national des statistiques.
   Outre les mesures phare du plan de sauvetage international comprenant notamment une réduction des retraites supérieures à 1.500 euros, une baisse des prestations sociales et une hausse des impôts, le gouvernement a inscrit à son programme des "mesures supplémentaires de caractère structurel" pour "garantir" le respect de ses engagements.
   Il a notamment annoncé sa décision de "suspendre" la construction du TGV Lisbonne-Madrid, dont la conclusion était prévue pour 2013, et d'élargir la liste des privatisations aux médias publics.
   La coalition de droite, qui dispose d'une confortable majorité absolue au parlement, a également mis l'accent sur un amaigrissement des services de l'Etat, en souhaitant ouvrir davantage le secteur de la santé aux prestataires privés, en réduisant le nombre d'organismes publics, en favorisant les départs volontaires des fonctionnaires et en mettant en place une politique de recrutement "très restrictive".
   L'exécutif a également confirmé son intention de réformer le marché du travail, afin d'assouplir les règles de licenciement et créer un contrat unique.
   Le débat parlementaire sur le programme du gouvernement se conclura vendredi et ne doit pas forcément faire l'objet d'un vote.
   Source: AFP - 30/06/2011

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